L'histoire :
En janvier 1910, des pluies torrentielles se mettent à s’abattre sans discontinuer sur la capitale française. Des hauteurs de Notre Dame, Monseigneur Chelles et son secrétaire Pétillot soliloquent, le vague à l’âme, sur la symbolique religieuse et/ou politique d’une météo aussi exécrable. Dans les locaux de la faculté de médecine, la jeune Alice Treignac potasse tard dans la nuit son concours de l’internat : elle veut être médecin, comme son père. Ce dernier ne rêve pourtant que d’un beau mariage pour elle, avec un jeune homme de bonne famille, comme il en va parmi les gens de la bonne société de l’époque. Mais Alice est opiniâtre. Un soir, alors qu’elle boit un verre dans une taverne en compagnie d’un ami, amoureux transi, elle assiste à une rixe politique et néanmoins sanglante. Elle vient en aide à un homme, Jean Faure, blessé à la tempe alors qu’il l’aidait à enfiler son manteau. Elle ignore qu’il s’agit d’un malfrat de la pire espèce et elle le ramène au cabinet de son père, pour qu’il y soit recousu. Sur place, le docteur est déjà occupé avec un patient : l’evêque Chelles montre en effet des signes inquiétants de tumeur cérébrale. Très angoissé sur son sort, il livre un terrible secret au médecin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Brrr… sortez les bottes et les parapluies : comme l’indique partiellement le logo-titre déformé (et limite illisible), vous sortirez de ce premier tome complètement trempés. Les auteurs construisent en effet leur intrigue autour de la célèbre inondation de Paris durant l’hiver 1910 (à son apogée, le zouave du pont de l’Alma avait de l’eau jusqu’aux épaules). L’ambiance (humide) est celle du polar historique et politique… mais elle reste surtout encore à définir car cette mise en bouche ne nous apprend guère sur les enjeux précis. Léo Henry signe ici son premier scénario et semble disposer d’une certaine marge de progrès… Son récit n’est en effet pas un modèle de limpidité, même s’il est fort correctement dialogué. Le scénariste fait néanmoins la part belle au Paris du début 1900, et s’appuie en cela sur une documentation visiblement très garnie. Au dessin, Stéphane Perger s’en sert et s’en donne à cœur joie pour son style en couleurs directes, à la peinture et à l’encre. Pour les profanes, Perger est l’auteur qui a déjà mis en relief, de la plus belle des manières, la trilogie Sir Arthur Benton de Tarek, dans la même collection. Le dessinateur use et abuse de toutes les techniques possibles pour accorder le meilleur effet à l’eau et à la pluie, sous toutes ses formes. Averses, gros nuages, reflets ondulants, fuites, éclaboussures… La restitution des blancs dans ces conditions est un véritable régal. L’ambiance n’en est que plus solide, d’autant que les costumes d’époque et les animations urbaines sont souvent, eux aussi, de haute volée. Un début de trilogie à surveiller…