L'histoire :
En novembre 1877, un couple de riches anglais s’installe pour 6 mois dans un luxueux hôtel particulier de Venise. Ils sont en voyage de noces : Lord Montbarry vient d’épouser la comtesse dalmatienne Narona. Ils sont accompagnés par le mystérieux baron Rivar, frère de la jeune femme, qui installe son laboratoire de chimie dans les sous-sols obscurs de la demeure. Au même moment, dans un club privé de Londres, deux riches promoteurs annonce à un aréopage d’investisseurs qu’ils achètent le palais où s’est justement installée Montbarry. Ils invitent leur auditoire à investir avec eux, car la demeure va être transformée en hôtel de luxe, avec un rendement touristique annuel de 6 à 10%. L’un des invités s’interroge toutefois que la personnalité de Lord Montbarry, qui y séjourne à ce moment. Il aurait délaissé sa promise pour une autre… qui serait mêlée à une affaire d’empoisonnement… et dont le pseudo frère et baron Rivar serait en réalité son amant ! Le propre frère Montbarry, alors présent, ne cautionne pas plus qu’il ne comprend les agissements de son frère. Bientôt, à Venise, Les Montbarry notent la démission de la gouvernante Mme Roland et la mort du majordome Ferraris, d’une bête bronchite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Venise hanté se présente comme un polar « holmesien », dont ce premier tome ne fait que poser les nombreux mystères… sans nous apporter l’ombre d’une piste. Les amateurs d’affaires policières seront donc plus inassouvis et circonspects par cette mise en place cruellement stoppée par le gabarit des 46 planches, que réellement enthousiastes par la révélation de mécanismes criminels tortueux… à venir. N’en doutons pas, le scénariste Roger Seiter, qui a déjà commis 4 cycles de Fog dans la même veine policière historique, saura favorablement rebondir et nous contenter d’explications dans le tome 2. En attendant, profitez de ses dialogues soignés (nous évoluons à 100% dans la bonne société londonienne du XIXème) et des encrages appuyés de Vincent Wagner. Après un détour par le western (Wild River), le dessinateur, toujours fidèle à Seiter, renoue donc avec le polar ambiance victorienne (ensemble, ils ont déjà livré le diptyque Mysteries en 2006-2007). Wagner semble apprécier les séquences obscures, qui lui permettent de jouer avec les formes d’ombres et les aplats de noir. Il semble surtout bien plus à l’aise sur les décors, toujours sublimes (dont une vue aérienne de Venise sur double planche est le morceau de bravoure) que sur les visages des personnages, qu’on a tendance à confondre, malgré des macro-plans peu convaincants. Conclusion : ce premier tome est loin d’être médiocre, bien au contraire, il est juste incomplet et ne prendra toute sa mesure qu’à la sortie du tome 2.