L'histoire :
Joss Kerven, journaliste-réalisateur freelance, est venu au fin fond de la forêt amazonienne pour faire un reportage sur la déforestation au Brésil. Après plusieurs heures de piste dans son 4x4, il a commencé à filmer des témoignages dans un village récemment visité de manière musclée par des hommes armés, à la solde de grands éleveurs. Il a ainsi assisté à une rixe sanglante entre des paysans attachés à leur bidonville et des soudards violents. Ces derniers ont fini par assassiner et brûler le village. Caché dans la jungle, Joss a tout filmé. Mais il a été repéré et il s’est enfui. Il fuit désormais dans une jungle moite, luxuriante et labyrinthique, avec des flingueurs aux trousses, au milieu de prédateurs redoutables : caïmans, anacondas, jaguars, mygales… En marge de l’hallali envers Joss, dans un coin de jungle peu éloigné, deux tribus indigènes jivaros se livrent de terribles combats à coups de flèches et de machettes. Il est question de femmes enlevées, de vengeance et finalement, de têtes coupées. Le règlement de compte achevé, les achuars font le bilan de leur situation, qui se complique, dernièrement. Car les poissons se raréfient dans ce bras de l’Amazone. Il leur faut migrer. Le vaillant Wanchi est choisi pour être éclaireur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aux côtés au scénariste Roger Martin, le dessinateur Nicolas Otero dénonce déjà depuis 2002 les exactions du Ku-Klux-Klan (dans Amerikkka). Désormais associé à l’ex-grand reporter Jean-Claude Bartoll pour cet Amazonia annoncé en diptyque, il met son talent graphique au service d’une nouvelle cause respectable : la déforestation en Amérique du Sud. Ici, nous suivons deux fronts narratifs alternés, qui se rejoignent en toute fin de premier opus. D’une part, pour avoir été témoin d’assassinat de paysans, un journaliste est traqué dans la jungle par une milice paramilitaire au service de grands propriétaires terriens. D’autre part, le lecteur découvre la vie sauvage des indigènes achuars, ponctuée par des rites shamaniques, des rixes sanglantes entre tribus et un besoin de migrer vers un ailleurs moins pollué. Bartoll parvient à entremêler les séquences parallèles et les flashforwards sans qu’on s’y perde, ce qui insuffle un peu de rythme au récit. En revanche, le manichéisme et la linéarité des faits freineront l’enthousiasme de l’intention humaniste chez les lecteurs les plus exigeants. Ces derniers se contenteront de s’immerger dans la moiteur des planches d’Otéro, qui fait la part belle à la luxuriance et à la météo humide de la jungle amazonienne.