L'histoire :
Par un matin embrumé en 1914, dans le centre de Paris, une bande de malfrats passe par les toits pour l’exécution d’un braquage musclé. Ils pénètrent par la cour d’une banque, neutralisent les policiers et s’emparent de deux gros sacs emplis de billets. En repartant, ils bousculent une passante qui peut ainsi voir leurs visages de très près. Celle-ci est alors stupéfaite. Car si les policiers et les banquiers témoigneront plus tard que la bande portait des masques de chiens, la jeune femme voit bien qu’il s’agit de leurs vrais visages, dont le morphotype est canin ! Pour comprendre ce phénomène, il faut remonter 20 années plus tôt. Un homme s’enfonce seul, à cheval, à travers un canyon reculé dans les hauteurs alpines. Il traverse une grotte, passe derrière une cascade, et rejoint finalement un poste d’observation à flanc de falaise. Là, un autre homme prénommé Luc l’attend et l’identifie : il peut passer, il s’agit de Serge, alias le professeur, membre humain des cynocéphages. Luc l’informe que le comportement de Christophe inquiète la communauté qui vit secrètement reclus ici. Il est grand temps que l’assemblée qui préside à la destinée de ce peuple étonnant se réunisse. Serge poursuit donc son chemin, en passant par de nouveaux accès cachés et boyaux de grottes complexes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier tome des Cynocéphages est une tentative étonnante de réunir les deux registres graphiques de la BD de genre que sont le zoomorphisme et l’anthropomorphisme. En effet, comme postulat de départ, Stéfano Tamiazzo et Gris de Payne imaginent qu’un peuple à visages de chiens se cache depuis des millénaires dans une vallée secrète et recluse de haute-montagne, tandis que le reste du monde est celui que nous connaissons. Mais à l’aune de la modernité et de leurs dissensions intestines, le secret de leur existence est menacé. De fait, ce premier tome ose réunir un braquage de banque dans la tradition de l’anarchisme du début XXème, et une baston à l’épée digne de l’heroïc-fantasy standard. Entre temps, palabres, traîtrises, balades labyrinthiques et échappée finale se révèlent un brin confus pour enthousiasmer pleinement. Quelques séquences dévient en outre de toute vraisemblance (ex : l’accès labyrinthique de 5 pages, too much ; ou les raisons de la discorde, vraiment peu claires). Le meilleur atout de cette mise en bouche vient du joli dessin de Tamiazzo, qui nous manquait cruellement depuis sa trilogique Mandiguerre, il y a 10 ans ! L’auteur met en scène des personnages canidés façon Blacksad avec la même aisance quel que soit le décorum. Il varie les cadrages, les décors, se révèle parfaitement à l’aise dans l’action et dans l’inventivité du découpage. Dommage que le scénario, certes original, manque de direction et surtout d’un rythme narratif équilibré.