L'histoire :
A la terrasse d’un café de province, un petit garçon et sa grande sœur observent un homme qui dessine un jeune à casquette sur des post-its. Quelques heures plus tard, le jeune sera pris en auto-stop, puis assassiné d’un coup de couteau en plein cœur par un mystérieux serial-killer. Les médias et les réseaux sociaux en parlent non-stop : le tueur s’en prend uniquement aux auto-stoppeurs, qu’il poignarde, suivant un parcours du nord au sud de la France, selon un axe allant de Besançon vers Lyon. Il laisse à proximité des corps des dessins sur des post-its, signés d’un mystérieux nombre « 11 ». La jeune Syd, d’origine finlandaise, ignore tout cela lorsqu’elle se fait prendre en stop par Benjamin, dit Banjo, peu après Lyon. Peu farouche, Syd va simplement « vers le sud ». Banjo, lui, est un scénariste en repérage. Il écrit quelque chose sur un tueur qui sévit dans le sud de la France et suit donc un parcours bien balisé, en prenant des photos des lieux. Du moins, c’est ainsi qu’il explique son job à Syd… car il semble cacher d’autres intentions. Au fil de leur route, les deux jeunes gens font calmement connaissance. Puis à l’occasion d’un flash radio décrivant le serial-killer, Syd prend peur. Elle profite d’une escale à Florac pour prendre la tangente…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec sa précédente trilogie Des fragments de l’oubli, Serge Annequin montrait une griffe narrative matinée de sinistre, d’étrange et d’ésotérique, pas mal hermétique tout de même. Avec ce nouveau one-shot, le registre du thriller psychologique est déjà mieux balisé. Via ce road-trip provincial, selon un parcours nord-sud de Besançon vers Rennes-le-Château, nous suivons les rapports ambigus entre une auto-stoppeuse finlandaise (Syd) et son chauffeur occasionnel (Banjo), qui se présente comme scénariste-photographe en repérage. Or il se trouve qu’un mystérieux serial-killer inquiète la France au même moment, en suivant le strict même parcours et en laissant des dessins sur des post-its. Banjo serait-il le tueur ? A moins que ce ne soit Syd ? Voire un ami de Banjo ? Annequin entretient habilement le suspens, ménageant de fausses pistes, distillant des non-dits et des réactions suspectes, jouant avec les cauchemars et les fantômes des protagonistes pour encore troubler l’arbre des possibles. Tout en restant en dehors des sentiers battus et des explications clichés, l’auteur parvient à en dénouer suffisamment pour que le lecteur puisse se faire son opinion finale. Sur le plan visuel, Annequin n’est certes pas un grand dessinateur… mais son trait stylisé épouse des ambiances et un rythme lugubres, à la colorisation terne et glauque, parfaits pour renforcer le sentiment de malaise.