L'histoire :
Depuis 11 ans, Antoinette, d'origine allemande, travaille à Los Angeles. Elle y a fait sa place, elle y est admirablement intégrée : elle est directrice artistique au sein d'une agence de pub et son petit ami est un acteur vedette d'Hollywood. Etrangement, elle préfère faire croire à tout le monde qu'elle est suédoise. Elle s'est même inventée un chalet typique d'origine accroché à son mur. En cachette, chaque jour, elle consulte pourtant la webcam qui donne sur son village d'enfance... où elle a d'horribles souvenirs. En voyant passer devant l'écran un fantôme d'elle-même nue, elle comprend qu'elle doit une nouvelle fois y retourner. Pour expier ses démons ? Antoinette en tremble d'angoisse, mais elle prend quand même l'avion. Après l'atterrissage à Berlin, elle prend le train et se souvient de son adolescence tragique. Elle avait toujours connu sa mère en soins psychiatriques, elle avait des cheveux roux, elle avait de grandes facilités scolaires... et la conjonction de ces trois éléments lui avaient valu de devenir le souffre-douleur de son école. Ses camarades de classes savaient être particulièrement cruels. Surtout l'un d'entre eux, appelé Jonathan...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cela commence comme un roman graphique introspectif, la chronique d'une réussite sociale, d'un rêve américain abouti. Puis petit à petit, l'auteur allemande Olivia Vieweg incurve et précise son propos, jusqu'à ce que son récit tourne finalement au thriller : son héroïne Antoinette nourrit une vengeance lente et implacable à l'encontre des tortionnaires de son adolescence. Le retour d'Antoinette devient dès lors un ouvrage majeur sur le harcèlement scolaire, avec un petit plus d'adrénaline et de frisson « à l'américaine » que ne le procure l'autre ouvrage de référence en la matière, Mots rumeurs, mots cutter. Certes, le final se montre un tantinet caricatural, mais la manière d'amener les choses est, avant cela, plutôt plaisante à suivre. Le dessin, moderne, ne se montre pourtant pas très finaud avec les faciès des personnages, schématiques. Mais l'ensemble graphique est cohérent et limpide, imprégné de constantes teintes oranges et gris-ocre, en parfaite adéquation avec les cheveux roux de l'héroïne... ou l'humus de la terre...