L'histoire :
Dans la Pologne sous joug russe des années 1870, l'usage de la langue polonaise est sévèrement réprimée. Le père de Marya Sklodowski, une élève studieuse, est sous-inspecteur d'école et fait partie d'une intelligentsia anti-russe. Pour ses idées, il est démis de ses fonctions et doit se débrouiller en donnant des cours à domicile plusieurs années durant pour gagner de quoi faire vivre ses cinq enfants. Marya se passionne très jeune pour la physique. A la mort de sa mère, elle se réfugie dans le travail et fait de brillantes études secondaires. En compagnie de sa sœur Bronia, elle suit à Varsovie des cours clandestins de médecine. Puis elle décide de financer les études de sa sœur à Paris, en devenant gouvernante au nord de la Pologne et en lui envoyant de l'argent. Là-bas, Marya continuera son idéal positiviste en instruisant massivement et secrètement un maximum de jeunes gens à la langue polonaise. Puis à l'âge de 24 ans, elle revient à Varsovie où elle entre pour la première fois dans un laboratoire. Enfin, ayant rempli sa part du contrat avec Bronia, elle peut partir à Paris pour y suivre à son tour des études de physique. L'un de ses professeurs s'appelle Gabriel Lippman et il la passionne littéralement. Elle sera reçue première à sa licence et décrochera ainsi une bourse de 600 roubles de son pays, ce qui lui permettra de poursuivre ses études. Lippman l'engage au sein de son laboratoire pour des recherches sur les propriétés magnétiques de l'acier. Elle fait alors la connaissance d'un autre chercheur spécialisé dans ce domaine, un certain Pierre Curie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Couronnée de deux prix Nobel dans deux disciplines différentes, Marie Curie fut une scientifique exceptionnelle, une travailleuse humble et surdouée, ainsi qu'une humaniste acharnée. De nombreuses biographies lui ont déjà été dédiées (et pas qu'en BD), mais la personnalité hors norme de cette grande figure de l'humanité fait qu'on ne s'en lasse pas. D'autant que le présent ouvrage édité par Faton se dévoile particulièrement exhaustif, sans effet de manche ni dispersion, sur près de 86 planches qu'on ne voit pas passer. Découpé en 21 chapitres, le scénario de Céka commence classiquement à la petite enfance de Marie Curie, pour se terminer par l'entrée au Panthéon de cette grande dame (avril 1995), la première honorée pour ses propres mérites. Entre temps, toutes les étapes de sa vie sont tour à tour abordées : sa jeunesse studieuse, sa rencontre avec Pierre, les recherches sur le radium, l'accident mortel de Pierre, les deux prix Nobel, son implication dans les ambulances radiologiques durant la 1ère guerre mondiale, les honneurs et les conférences, le lègue scientifique à sa fille et son beau-fils... En fil rouge, l'humilité, la générosité, la détermination de la scientifique transparaissent. La démonstration est frappante : cette femme a vécu plusieurs vies. Au dessin (et aux couleurs), Yigaël livre un travail semi-réaliste très sérieux, conjuguant la rigueur historique à l'expressivité des personnages, donc accessible et appréciable par un large public. L'album se termine par un dossier complémentaire revenant sur les grandes étapes de sa vie... qui n'apportent rien de plus à la biographie BD (déjà très complète) – à part des clichés de son enfance, de son laboratoire (vide, avec Pierre, avec Irène), d'un brouillon de recherche ou du cénacle des conférences de Solvay. Il fallait bien un modèle de biographie pour une femme modèle.