L'histoire :
En l’an 1800, en hiver, un groupe de chasseurs aperçoit une curieuse bestiole qui s’échappe dans les congères de neige. Avec l’aide de leurs chiens, ils la rattrapent alors qu’elle s’est réfugiée dans un arbre. Il s’agit de ce qui ressemble à un enfant, entièrement dénudé et sauvage. Plusieurs mois plus tard, cet enfant est présenté par le docteur Pinel à ses collègues de l’Institut des sourds et muets. Privé de contacts humains depuis sa naissance, l’enfant ne parle pas, il ne sait pas marcher. Il est couvert de cicatrices et relativement inexpressif, comme léthargique. Il semble indifférent aux interactions sociales auxquelles les hommes tentent de le soumettre. Avant de l’exhiber, on prend soin de l’habiller et de lui couper la tignasse. Les ciseaux lui font peur, mais le bruit d’une coque de noix cassée par le docteur Itard le met en joie. L’enfant dévore littéralement les noix. Pinel tente une expérience : pour l’éveiller, il l’emmène voir les beautés du musée du Louvres. L’enfant n’a cure ni des tableaux en 2D, ni des statues des jardins. Il joue en revanche avec les jets d’eau des bassins… Après quelques semaines d’étude, Pinel décide qu’il est une cause perdue pour la science. Itard se propose en revanche pour poursuivre sur du plus long terme une forme d’éducation…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’histoire de Victor, L’enfant sauvage a été popularisée par le film de François Truffaut de 1969. A travers cet album en one-shot, le scénariste Céka revient sur cette histoire authentique, à la limite de l’anthropologie et de la sociologie. Cette découverte représentait effectivement une piste scientifique pertinente pour remonter aux sources de l’humanité, comprendre comment la conscience est venue aux hommes. Hélas, il semble que le diagnostique premier délivré par le docteur Pinel ait contrarié les longues et humaines expériences poursuivies par le docteur Itard. Victor fut plus, semble-t-il, un enfant autiste victime de maltraitance et abandonné, qu’un réel enfant sauvage qui a dû s’adapter sans repère civilisationnel pour survivre. Céka revient sur la controverse et met longuement en scène, pour les crayons semi-réaliste de Yigaël, les efforts d’Itard pour éveiller la conscience et l’intelligence de Victor. Malheureusement, en vain : la définition et le périmètre des syndromes autistiques ne seront identifiés et documentés que bien plus tard. L’étude d’Itard a néanmoins ouvert la voie de la psychiatrie infantile. Le dossier final pédagogique de 13 pages revient sur le contexte, les protagonistes, la controverse scientifique, les lieux, la définition et les faux-semblants autour des enfants sauvages.