parution 02 mai 2021  éditeur Félès  Public ado / adulte  Mots clés Policier

Halifax

Mon chagrin

Le croque-mort d’Halifax, qui est intervenu sur les naufrages du Titanic et de l’Empress of Ireland, se retrouve au cœur d’une curieuse affaire de meurtres. Un polar soigné et classique, étayé par d’authentiques catastrophes bien documentées.


Halifax : Mon chagrin (0), bd chez Félès de Quella-Guyot, Regnauld
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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L'histoire :

Le 14 avril 1912, le Titanic s’abime sur un iceberg dans l’Atlantic Nord, lors de sa première traversée. Il coule en quelques heures. Environ 700 passagers parviennent à être évacués à bord des chaloupes. Le reste, environ 1500 personnes périssent, majoritairement de froid ou noyées. Le lendemain matin, à la première heure, Brown Miller, de la compagnie White Star Line basée à Halifax (Canada), appelle l’entreprise de pompe funèbre de Roy Collins. Il a besoin de toute urgence qu’il organise le rapatriement des corps. Il lui faut embarquer avec des cercueils, des menuisiers, un embaumeur, un glacier… et tous devront avoir le cœur bien accroché. C’est une aubaine pour Roy Collins, d’origine amérindienne, car sa petite entreprise était en train de péricliter. Le 17 avril, le Mackey-Benett lève l’ancre avec 75 personnes à bord. Il arrive sur le site du naufrage le 20 avril. Les membres de l’équipage découvrent l’horreur : des centaines de cadavres glacés flottent à la surface dans leurs gilets de sauvetage ou agrippés à des corps flottants. Il faut en repêcher un maximum et tenter de tous les identifier. Or les moyens matériels et humains ne sont pas suffisants pour repêcher toutes les victimes. Il faut faire un tri… Collins et le capitaine décident de réserver les cercueils aux premières classes. Les autres dépouilles seront enveloppées dans des linceuls. Les corps trop abimés pour être identifiés doivent être rejetés à la mer…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le scénariste Didier Quella-Guyot se base sur la plus célèbre des catastrophes maritimes pour tisser un polar original et fictif, quoique fort bien documenté. Le naufrage du Titanic, le 14 avril 1912, n’a permis de sauver qu’un tiers des 2200 passagers. Que sont devenus les autres ? Un boulot heu titanesque pour une entreprise de pompes funèbres, qui a dû se rendre sur place pour repêcher, identifier et rapatrier des cadavres glacés, 6 jours après leur décès. Le personnage central de ce polar classique et méticuleusement échafaudé est le patron de la Woodworks Collins qui, paradoxalement, sauve son entreprise d’une faillite imminente grâce à cette « formidable » catastrophe (le latin « formidabilis » signifie « affreux »). L’affaire criminelle rebondit surtout 5 ans après le drame, à Halifax, la ville de Nouvelle-Ecosse (Canada) la plus proche, depuis laquelle a été organisé l’effort de recherche. D’origine indienne micmac, Collins est au cœur de l’affaire, et il s’y intéresse de près. Non pas parce qu’il est suspecté, mais parce que toutes les victimes assassinées ont un lien avec les membres de son équipe qui est intervenue sur le site du naufrage. On vous laissera découvrir la logique de ces meurtres, qui se trouvent liées à d’autres catastrophes. Le récit de Quella-Guyot, astucieusement documenté, boucle en effet sur deux autres tragédies authentiques, mais moins connues. Primo, le naufrage de l’Empress of Ireland (1000 morts) dans l’Estuaire du Saint Laurent en 1914 ; deuxio, l’explosion démentielle dans le port d’Halifax, le 6 décembre 1917, la plus grosse d’origine humaine (avant Hiroshima). Un navire de munitions à destination de l’Europe en guerre, en a alors percuté un autre… causant 2000 morts, 25 000 sans-abris. Comme pour la biographie de Pierre Loti qui paraîtra en 2023, Quella-Guyot s’appuie pour la première fois sur les talents graphiques de Pascal Regnauld, une griffe très identifiable. Son dessin semi réaliste stylisé et très marqué se complète de quelques teintes sobres en aplats, avec une propension à attribuer des regards patibulaires à tous les personnages. Les bons polars, bien tissés et documentés, ne sont pas légion ; ne loupez pas celui-ci.

voir la fiche officielle ISBN 9782956781486