L'histoire :
Julius Jacob, un retraité qui a de gros problèmes de mémoire, joue du violon dans un couloir du métro, pour quelques piécettes. Une vieille dame qui passe par là s’étonne d’apercevoir des diamants parmi la mitraille qui jonche son étui. Elle tente un subterfuge pour en piquer… mais le chat de Jacob lui assène un violent coup de griffe sur la main. Elle s’éloigne vexée d’avoir loupé son coup. A proximité, une coupure de journal annonce la mort tragique du commissaire Radovsky. Justement, revenons quelques heures en arrière. Radovsky se trouve en mauvaise posture, perché en équilibre précaire sur le marbre d’une tombe dans un cimetière, une corde autour du cou. Au moment où il perd l’équilibre et sent sa dernière seconde venue, Jacob casse la branche à laquelle il était attaché, d’un coup de fusil bien ajusté. Radovsky en est quitte pour une belle chute sur le sol. Mais alors qu’il se précipite vers Jacob, sa corde fait un effet élastique en se prenant dans la grille d’une autre sépulture. Radowsky est éjecté vers l’arrière et il s’empale sur… son propre crochet, qui lui fait office de main depuis des années, et qu’il avait auparavant posé là. Jacob s’éloigne, à la recherche de « Clovis ». Mais revenons quelques minutes auparavant. Radosvsky et Jacob traversent le cimetière jusqu’à la sépulture d’Offenbach, armés d’un fusil. Que cherchent-ils là ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot tire son originalité de sa construction narrative originale, qui obéit à un montage chronologique inversé. C’est-à-dire qu’il commence par la fin, au chapitre 12, et se termine par le début, au chapitre 1, lui-même situé à la fin (vous suivez ?). En gros, à l’image du film Memento, et pour les mêmes raisons de problème de mémoire du principal protagoniste, chaque nouveau chapitre se situe chronologiquement avant celui qu’on vient de lire. Dès lors, deux manières de lire l’album coexistent : dans le sens normal, où l’on ne comprend pas grand-chose, hormis que le rocambolesque est largement de mise (notamment quand Radovsky s’empale sur son propre crochet…) ; ou en commençant par la fin, ce qui vous permet de mieux comprendre qui sont ces étranges pépés flingueurs, mais divulgache (spoile) l’ensemble des 110 pages qui composent ce thriller totalement foutraque. Quel que soit le sens choisi, celui-ci laisse une large part à l’ésotérique, au folklore, aux courses-poursuites, aux cambriolages, aux magouilles, à la vengeance, aux jolies scènes urbaines (de toits !) et aux chouettes ambiances nocturnes. Car si la narration de Benoît Vieillard est bien trop alambiquée et enchevêtrée dans des digressions biscornues pour permettre d’en apprécier la juste complexité, le dessin caricatural de Julien Monier est franchement savoureux. Ses personnages ont de la gouaille, ses décors du cachet et le découpage dynamique invite à la découverte.