L'histoire :
XIXème siècle, Lewes, Sussex, Angleterre. Gideon Mantell, médecin obstétricien, amené à devenir paléontologue, et Mary Ann Woodhouse, sa future épouse, sont tous les deux passionnés de fossiles, qu’ils piochent au gré de leurs balades dans les environs de leur maison. Dans la carrière de Withman's Green près de Cuckfield, ils découvrent de nombreux spécimens remontant à ce que l’on va nommer le Crétacé inférieur. Une période plus ancienne que celle précédemment connue, avec des restes d’animaux terrestres ou d’eau douce, alors que les précédentes étaient marins et liés (à tort) au déluge biblique. Puis, alors qu’ils ont publié un premier livre de leurs découvertes, tous deux mettent à jour une dent imposante n’appartenant à aucun animal connu, dans le site de la forêt de Tilgate. Cette trouvaille va bouleverser le monde scientifique, mais aussi religieux, de l’époque, dont les canons n’admettent qu’un monde basé sur la Bible, vieux de seulement quelques milliers d’années. Le chemin pour la reconnaissance sera long…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Des nuages, des hachures, de beaux aplats de noirs, et des visages d'hommes angéliques, aux cheveux blonds dansant... On entre dans ce roman graphique en noir et blanc comme dans un récit de Noah Van Sciver. Cet américain venu du fanzine est connu pour sa série bohème Fante Bukowski ou ses récits historiques traitant de la vie de Lincoln, de Johnny Appleseed, ou de Joseph Smith. La vision ici proposée est très XIXème, dans une publication pourtant bien française. On avait déjà pu remarquer le trait agréable et original de Pauline (Pol) Cherici, sur Le Journal de Clara avec Xavier Clément (Acte sud 2020), et c'est un plaisir renouvelé de les retrouver pour cette aventure historique baignée d'une aura fantastique. Lisa Lugrin, complice et coautrice de Xavier Clément depuis quelques années, complète le trio. Fantastique, car si La dent de l'Iguanodon raconte effectivement un épisode historique des débuts de la paléontologie, les scénaristes ont choisi avec finesse et intelligence de structurer leur récit autour d'un schéma montrant à la fois la vie quotidienne et familiale des protagonistes et des moments oniriques. Ces derniers donnent vie avec malice à ces créatures improbables, issues de quelques os fossilisés et de la seule imagination fertile de leurs découvreurs. L'occasion de scènes drôles et envoûtantes. On aime le côté humaniste, passionné et paisible de la relation du couple et des amis qui les entourent, sans oublier le contexte socio politique et religieux de l'époque, tout comme ce dessin faussement léger, mais terriblement efficace, et la couverture magnifique. Les amateurs de fossiles et d'Histoire ne seront sans doute pas les seuls à adorer.
