L'histoire :
Cette fois ci, il est perdu. Il a dû se tromper de direction au dernier carrefour... Seul, sur une route, au milieu de ce paysage montagneux, sans aucun panneau d'indication, l'homme ne sait que faire. A moins qu'il ne trouve le courage de rejoindre la masure perchée au loin sur un roc. Il y trouvera peut être quelqu'un pour l'aider… Après une longue marche sous un soleil torride, ce dernier arrive finalement à l'habitation. Il fait le tour du propriétaire... personne. Fatigué et assoiffé, il s'apprête à s'abreuver à une petite fontaine, lorsqu'une voix retentit : « Ne touchez pas à ça ». Notre homme se répand en excuses. L'autochtone un peu bourru lui indique la direction et lui signifie que pour trouver de l'eau, il faut aller en ville. Notre homme ne peut s'empêcher de s'émerveiller et de demander à l'autochtone comment il fait pour vivre en autarcie. L'autochtone bredouille des histoires de tetragones sauvagse, d'amanites printanières dans la forêt et de quelques carrés de morilles dans le potager. Notre homme reprend sa route. Quelques instants plus tard, une sonnerie retentit et l'autochtone se précipite pour aller répondre au téléphone caché dans le mur. C'est un savon en règle par le commandant, qu'il subit. Qui lui a permis de parler aux humains ? Retour immédiat à la base ! Il rejoint alors son vaisseau spatial et enlève son masque. On lui fait comprendre qu'il a failli compromettre l'infiltration de leur peuple extraterrestre en racontant des âneries de campagnard, même si ce parisien a l'air de n'y avoir vu que du feu. L'extraterrestre démarre son engin en songeant avec soulagement que l'humain a bien failli boire dans sa réserve de carburant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On a beau dire... faut dire ce qui est... faut ce qu'il faut... Alexis avait du talent. Voici réuni, dans cette intégrale, l'ensemble des planches dessinées par Alexis, cofondateur avec Gotlib de Fluide Glacial. Mort à 30 ans, sa carrière fut bien courte, mais ô combien prolifique. On retrouve alors ici une suite d'histoires courtes, tantôt drôles, parfois érotiques, la plupart assez désopilantes. Assurément, la trame scénaristique n’était pas trop son fort – contrairement à Gotlib – et la participation de ce dernier à quelques unes de ses œuvres a certainement ajouté le piment nécessaire. Néanmoins, son style très particulier jouant beaucoup sur la poésie ou le non-sens empêche tout amalgame avec son acolyte. C'est sans aucun doute son graphisme qui a le plus contribué à lui donner le statut de demi-dieu dans l'univers de la BD des années 70. La diversité des histoires dessinées montre à quel point Alexis était capable de dessiner absolument n'importe quoi avec une réussite totale. Plus qu'un recueil, cette intégrale est aussi le témoignage d'un style particulier désormais révolu, que Gotlib, Alexis, Goscinny et bien d'autres ont contribué à mettre en œuvre.