L'histoire :
Ce jour là, à la boutique de commerce équitable où Cyril Pedrosa ne trouve jamais rien de terrible, il tombe en pamoison devant un sac péruvien qui a l’air rudement cool… et il l’achète. Au fil des semaines qui suivent, il comprend qu’il n’est surtout rudement pas pratique. Peu importe, il est ravi d’imaginer qu’à des milliers de kilomètres de là, des péruviens maudissent comme lui cette grosse « mierda ».
Cyril lit un article sur les dangers des ondes électromagnétiques des téléphones portables. Il s’énerve alors tout rouge en constatant que le journaliste n’a pas posé les bonnes questions au soi-disant scientifique contradicteur, qui travaille pour le compte d’une grosse société de téléphonie mobile ! Il promet de faire un scandale, d’écrire à la presse et jette sa revue sur une table basse. Quelques semaines plus tard, il jettera à la poubelle ledit magazine, oublié là… tout comme le furent finalement ses grandes promesses citoyennes.
Cyril profite d’un moment creux, en séance de dédicaces, pour discuter avec le libraire qui l’a fait venir. Ce dernier lui glisse que pour être pleinement cohérent avec la démarche de sa série Auto bio, son tome 1, il aurait du le faire imprimer sur du papier recyclé. Cyril lui rétorque que cette opération sur ce titre précis, ça aurait ressemblé furieusement à du marketing cynique… et puis il s’en veut à mort de ne pas en avoir eu l’idée, lorsque le libraire envisage les chiffres de vente que cela aurait engendré…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la seconde fois, Cyril Pedrosa s’empare intelligemment d’un sujet on ne peut plus en vogue : la conscience verte. Sur cette problématique primordiale, il se met en scène lui-même et sa famille, face à leurs propres consciences, et en regard de notre système de civilisation irresponsable. Néanmoins, l’auteur ne cherche pas à « surfer sur la mode » écolo-bio : il met juste son talent au service de ses propres idées militantes, c'est-à-dire en faveur d’une croissance durable, respectueuse des peuples et de notre mère-nature. Or, en la matière, bien en amont du plan des modes, une prise de conscience radicale est effectivement urgente. Il ne cherche pas non plus à être directement moralisateur : son autoportrait pointe plutôt ses propres contradictions, coincés que nous sommes tous entre une ligne de conduite vertueuse et nos habitudes d’occidentaux surdéveloppés, nos solutions de facilité. Il fait donc d’une pierre cinq coups : il met en accord à la fois son talent séquentiel, ses idées militantes, une forme d’alerte citoyenne, il puise pour cela dans un quotidien « a priori » réaliste, le tout au bénéfice d’un florilège d’autodérision humoristique qui fait mouche à chaque coup. Cerise sur le gâteau, ce concept idyllique lui permet moult mises en abime (Pedrosa dessine pedrosa et Auto bio parle d’Auto bio) et offre une réserve quasi infinie de possibilités de gags et de traits d’humour. A lire absolument et à partager… (pour gaspiller moins de papier).