L'histoire :
La mort – un squelette habillé d’une vieille toge toute mitée et tenant une large faux en main – flanquée de son fidèle compagnon Lao-Tseu – un cochon avec une tache en forme de yin-yang et en chaussures de femmes – traine ses guêtres à travers nos pâturages. Toute fanfaronne, la mort rend visite à une petite vieille de ses connaissances, au cas où… Mais la vieille a encore la pêche, au point même de l’engueuler copieusement, au vu de sa dégaine en loques. La voilà qui déchire mes frusques de la mort et lui la plonge dans une bassine de flotte. Brusquée, dessapée, la mort toute penaude se retrouve en train de masquer sa berzigue… et la vieille de disserter sur la nature de son sexe ! Ni masculine, ni féminine (ça dépend des clients…), la mort peine à lui expliquer. La vieille le prend donc pour un transsexuelle et lui propose deux type d’habits : le costume de mariage de feu son époux et son propre manteau funéraire avec chapeau voilé. Comme rien ne lui va, la mort s’en repart avec une bonne chemise de nuit asexuée. Mais au fait, pourquoi était elle venue la voir, au juste ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après l’album www.la-mort.fr, nos amis de Fluide ont la bonne idée aujourd’hui de rééditer cette seconde aventure de la mort, originellement publiée en 1996. Car entre temps, l’auteur François Boucq a tout de même été récompensé en devenant Grand Prix du festival d’Angoulême 1998. Son aisance graphique exceptionnelle, en noir et blanc, un dessin alliant précision et limpidité, justesse des cadrages, des mouvements et des expressions, irradie une nouvelle fois cet album, sans la moindre baisse de régime. Dans le propos, ce recueil d’historiettes n’arbore pourtant pas une ambition démesurée : l’intention vise essentiellement à faire poiler le lecteur, à travers un sens de l’humour cynique et absurde jubilatoire. Jouons un peu avec la mort, avant qu’elle ne joue avec nous… Avec la complicité et les idées de scénario de Stéphane Deleurence et de Philippe Delan, Boucq nous montre une héroïne squelettique toujours prête à la rigolade, disposant d’un tempérament bon vivant (!). Elle nous communique tantôt sa passion pour le foot, son aversion pour le printemps, ou son apprentissage de la sécurité routière. Elle se prend quelques vacances à la plage, remplace un tibia défectueux, découvre cette maladie rigolote de la vache folle et envisage un instant de s’acheter une moissonneuse batteuse, pour améliorer son rendement… A recommander vivement (!) aux adeptes d’humour noir !