L'histoire :
Depuis son plus jeune âge, Bertin Timbert est subjugué par les aventures de Tintin, et veut donc devenir journaliste-reporter. Or, dès son premier article concernant la sur-cuisson du rôti par sa mère, celle-ci se vexe, fait ses valises et quitte le foyer conjugal. Plus tard, alors qu’il fait une photo du gros poisson pêché dans une rivière par son père, ce dernier tombe à l’eau… et on ne le retrouvera jamais. Bertin est donc éduqué par sa tatie, qui fait super bien le hachis Parmentier. Evidemment, il suit des études de journalisme, jusqu’à pouvoir postuler à la rédaction de L’Echo du Mont-de-Dours-Uduluc, le canard de PQR local (Presse Quotidienne Régionale). Or le journal possède déjà un grand reporter, le prolifique Ricco Chaix. Encouragé par son assistante Solane, qui a des vues sur Bertin, le rédac’chef accepte cependant que le jeune homme s’occupe de la rubrique nécrologique, celle qui rapporte le plus dans les caisses du journal. Bertin fait ainsi ses gammes, jusqu’au jour où il met en page la mort de Ricco Chaix himself (écrasé par un œuf d’autruche). Bertin saisit cette opportunité pour proposer de le remplacer. Or tous les reportages anodins qu’il couvre se transforment à son contact en catastrophes sanglantes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il a une houppette (brune), il est reporter pour un journal belge (de la PQR), mais il n’a pas de chien appelé Milou : Bertin Timbert est un alter ego parodique, légèrement trash, mais surtout volontairement couillon du célèbre Tintin. Il a le métier de journaliste chevillé au corps, tant et si bien que les reportages ruraux les plus banals (noces d’or, gardienne de chats, inauguration d’un pont…) se transforment à son contact en faits divers sanglants. Passée la première historiette de 5 pages, utile pour planter le décor, le ton et le personnage, le scénariste Jean Derycke propose ainsi 10 historiettes de strictement 4 pages. A chaque fois, Bertin part en reportage sur sa mobylette et une fois sur place, les évènements partent sévèrement en sucette. Et chaque histoire se termine par l'article de journal relatant négligemment les faits. Or a contrario d’un gaffeur façon Gaston Lagaffe ou Pierre Richard dans la Chèvre, les catastrophes ne sont pas de son fait : à sa présence, les gens révèlent juste leurs horribles déviances. La substance humoristique se situe dans le grand écart entre le ton anodin et léger, presque bon-enfant, et la conclusion systématiquement abominable. Le dessinateur Devig a déjà largement fait la preuve de ce ton faussement ingénu à travers les aventures de Scott Leblanc (qui comptent à ce jour 3 tomes, scénarisés par Philippe Geluck). Pour rester cohérent, le dessinateur toulousain réitère et déroule le style graphique précis et détaillé qui lui est propre, inspiré par la ligne claire chère à Hergé. Au final, ces aventures foutraques ne sont certes jamais totalement bidonnantes… mais pour qui prendra le temps de décortiquer les cases ou les privates jokes des dialogues, il recueille des perles poilantes. Les amateurs de détails gores seront aussi aux anges…