L'histoire :
Une petite ville perdue quelque part au milieu de nulle part. Une petite maison. Une veille dame rabougrie y vit. Elle porte un tablier hors d'âge, sa robe a été reprisée des dizaines de fois. Elle symbolise la misère d'une vieillesse française qui vit isolée. Elle suscite la pitié et les gens sont toujours prêts à lui rendre service. Mais, la réalité est tout autre : un monstre abject se cache sous cette allure misérabiliste. Ainsi, quand elle va chercher du terreau, il s'agit de déterrer les restes d'un ancien concitoyen dont la tombe est en ruines. Quand elle va voir le médecin, si celui ci ne lui prescrit pas de médicaments (alors qu'elle est en pleine forme), elle sort et traverse la salle d'attente en l'accusant d'attouchements sexuels. Au restaurant, elle rajoute une rustine dans ses huitres pour ne pas payer et se faire offrir un second plat. Nous la suivrons aussi face à un balayeur, à un enfant, à son neveu agriculteur qui pense à son héritage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jusqu'en 1981, l'image de la femme était totalement stéréotypée. Les chanteurs et les poètes les disaient belles, charmantes, intelligentes, douces, passionnées, romantiques, sensibles... Cette situation intolérable ne pouvait durer éternellement. Alors, apparut enfin la cavalière de l'Apocalypse. Celle qui a démontré qu'en matière de calcul cynique et outrageusement pragmatique, de cruauté aussi, la femme pouvait être aussi forte que l'homme. Vous avez trouvé ? Vous pensez peut-être à madame Thatcher, comme le suggère le titre de l'album… Non, pas de politique ici : il s'agit de Carmen Cru, héroïne sans peur et sans pitié de la série de Lelong. Celui-ci prend le parti de nous faire rire de la bêtise humaine et de son utilisation abjecte par une vieille dame indigne au possible. Le résultat est une perle de méchanceté et de cruauté. Le trait en noir et blanc est fin, clair, les textes sont des bijoux ciselés de méchanceté brute et de bêtise totale. Tout amateur de bande dessinée se doit d'avoir lu un album de Carmen Cru. Merci Fluide Glacial pour cette réédition.