L'histoire :
« Eden. Si le monde a un trou du cul, à coup sûr, c’est là qu’il se situe. Le soir, les réverbères ont peur de s’allumer tant ça craint ». C’est pourtant cette ville qu’a choisi Djizus, oui oui le fils de Dieu, pour opérer son come-back. Dans la vie civile, il s’appelle Jean-Christophe le Messie (JC pour les intimes) et habite au bloc H, appartement 4B. Jusqu’à présent, lui et ses potes prônaient l’amour d’autrui et se faisaient régulièrement rétamer la tronche. Mais JC a bien envie de passer la vitesse supérieure pour que ça change. Les jolis discours marketing de l’ange Gabrielle, qui descend des cieux pour voir où il en est, l’agacent définitivement et ont raison de ses dernières réticences. JC profite d’une altercation dans un bar malfamé pour ressusciter officiellement et mettre une grosse branlée aux pseudo-caïds qui lui pétaient les c… Désormais, quand un enfant se fait accoster par un pédophile, alors qu’il tentait d’apporter des médicaments à sa maman malade, Djizus intervient : il impose le préservatif au pédophile. Et puis tant qu’à faire, il lui casse les reins, parce qu’il n’y a rien de tel que la violence pour prêcher la non-violence. Ainsi le bambin peut rentrer chez sa mère (droguée et alcoolique) avec son sachet pharmaceutique (contenant de la mort-au-rat)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Zidrou, le scénariste de Ducobu et de moult récents petits bijoux de sensibilité (La peau de l’ours, Lydie…), se lâche complètement dans le registre de l’humour trash et politiquement incorrect. Il part ici du postulat qu’en dépit de sa résurrection, ça va bientôt faire dans les 2000 ans que Jésus ne s’est plus manifesté, et pourtant y’aurait bien besoin. Dont acte : Djizus revient et il est en colère. Or il agit avec une verve laïque jouissivement grossière, pleine de blasphèmes, de jeux de mots bien sentis, avec des répliques plus proches de Vuillemin que de Christine Boutin. Car le petit Jésus de Zidrou habite dans une cité HLM pourrie et assène sans scrupule des coups de boule alentours. Evidemment, vue la dépravation de notre civilisation humaine, ses remèdes ne font pas dans la dentelle et les résultats sont parfois pires que mieux… M’enfin, il se révolte, c’est déjà ça. Dessiné sur un mode ultra-caricatural spontané et dynamique par le duo espagnol Arino et Jardi, l’album se découpe en plusieurs historiettes de 3 à 7 planches, afin de satisfaire au principe de la pré-publication presse chère à Fluide Glacial, chez lequel ce recueil est publié. Entre autre, Djizus s’occupe de la messe de Noël, fanfaronne avec ses miracles, prend contact avec le pape, établit un plan de comm’ avec des écrivains en vogue, se fait interviewer à la téloche, affronte les velléités divines de son Père (corrompu par l’industrie militaire humaine). Forcément, ça déplait et ça termine mal : son sauvetage de l’humanité, il peut faire une croix dessus…
