L'histoire :
Les jeunes enfants Mounia et Leo qui jouent aux dominos dans le hall de l’immeuble connaissent tout le monde, et prennent des notes. Chaque voisin qui n’est pas sympa avec eux est noté dans un petit carnet, qui sera remis à qui de droit le moment venu. Bill en fait les frais quand il les traite de nains ! Remonté chez lui, il doit finalement interrompre sa conversation sur un site de recettes de cuisine bretonnes, où les internautes s’envoient des insultes racistes et antisémites, auxquelles il participe en les provoquant. En allant chercher des bières, il croise Jacques qui est handicapé, à qui il fait des commentaires complètement idiots sur les pneus de son fauteuil roulant. Ce dernier va croiser sur le marché une jeune maman totalement incapable de gérer le quotidien et l’éducation de son fils sans l’aide d’un coach en ligne qu’elle consulte sans arrêt. Bien évidemment, Mounia et Leo ont des parents qui vivent aussi dans le quartier, et qui aiment aller partager des théories complotistes à la supérette du coin.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’album a l’apparence trompeuse de la BD autour des enfants et de la famille, avec un humour gentiment corrosif et finalement consensuel. Les gamins et les dominos sur la couverture sont peut-être un peu trompeurs sur ce plan. Mais très vite on comprend qu’on est chez Fluide Glacial, et le ton adopté par Théa Rojzman est très original et totalement incorrect ! Chaque personnage qu’on découvre considère l’autre comme un con, avant de démontrer brillamment qu’il ne vaut pas mieux. Le rythme est très rapide, et chaque fois les échanges vont un peu plus loin qu’on l’imagine, comme si n’importe quelle conversation naturelle pouvait apporter son lot de bêtise. On traverse le quartier au quotidien, découvrant les pathologies de toute une société rassemblées sur quelques habitants de toutes origines. Aucun mépris, cela dit, dans tout ça, les dialogues sont intelligents, comme si chacun faisait de son mieux pour briller dans ses travers. On traverse la série de gags non stop avec un sourire permanent, le graphisme très simple d’Abdel de Bruxelles apporte exactement ce qu’il faut de mise en scène pour accompagner les échanges, et de temps en temps porter un regard plus compréhensif sur ce bout de ville et ses grands immeubles.
