L'histoire :
Un clochard à tronche patibulaire agresse violemment un passant pour qu’il lui donne une petite pièce. Le passant refuse évidemment et repart, outré. Le clochard procède alors à une remise en question : ce ne doit pas être la bonne approche. Dans La psychologie du clochard pour les nuls, il trouve une autre méthode. Il se rase, se lave les dents, se parfume et retente la manche, tandis que passe une jeune femme aux longues jambes qui promène son roquet. Hélas, ça ne marche pas plus. Alors le clochard l’insulte copieusement. Et là, paf : Edika, représenté lui-même en train de dessiner, est dérangé par un coup de téléphone d’une compagnie qui veut lui poser des panneaux solaires. Le temps qu’il explique qu’il n’en a rien à foutre et… il a oublié la chute de son gag ! Il essaie de se concentrer, de cherche l’inspiration auprès de sa femme… rien à faire : il ne sait plus comment finir. Il demande aussi à sa femme de ménage de dessiner une case, pour voir. Mais c’est vraiment pas terrible. Aussi, quand son rédac chef hyper baraqué découvre cette fin pourrie depuis son jacuzzi, Edika passe un mauvais quart d’heure…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Etant donné qu’Edika reproduit toujours les mêmes histoires, on devrait systématique toujours reproduire les mêmes articles. Précisons tout de même pour les néophytes : à chaque début d’histoire, Edika place ses personnages à gros nez dans une situation « de genre », avec des développements probables à fort potentiel humoristique. Et puis parce que ça le gonfle de tenir ce contexte durant 5-6 planches… ou parce qu’il fait rien qu’à pas faire ce que le commun des mortels attendrait de lui, il laisse le lecteur en plan, en décidant d’orienter son histoire vers la mise en abyme de l’auteur qui ne sait pas comment orienter la chute de son histoire. En général, il se fait houspiller par son rédac chef ou se retourne vers sa femme, son chat ou traverse la planche pour se découvrir en train de se dessiner (vous suivez ?). Voilà : la non-chute branquignole est un classique chez Edika. Dans une des 9 historiettes de ce tome 35 (qui comporte carrément 62 planches), il pousse même le vice jusqu’à commencer une histoire sans début, avec une mise en abyme immédiate du lecteur scandalisé par le procédé. Une histoire sur une non-histoire, en quelques sortes. Heureusement, c’est tellement gonflé et avec des phylactères à rallonge tellement délirants, que ça se laisse toujours lire (à petite dose), tantôt en couleurs (quand ça le chante), tantôt en noir et blanc (quand ça le chante pas). Notons aussi que dans cet opus, Edika dessine une histoire de SF hard-boiled façon Moebius (oui, vous lisez bien). On est bluffé, interloqué, scotché, ébouriffé, subju-extatiqués… et on reconnait néanmoins ses meufs aux gros seins ou la zigounette rabougrie de son dragon volant. Et pour le coup, la dernière case est surprenante, sans se départir de la sacro-sainte mise en abyme…