L'histoire :
Émilie Geoly à une grande nouvelle à annoncer à sa psy : elle arrête les séances ! Sans autre explication, elle sort du cabinet toute heureuse et souriante. Elle arrive à son travail, une école primaire. Elle salue tout le monde avec beaucoup d'entrain. Elle est tellement enjouée que ses collègues ne la reconnaissent plus. Quand elle arrive dans la classe de CM1, c'est la même chose. Elle s'assoit sur le bureau et décide de changer radicalement. Elle laisse ainsi parler les élèves pour qu'ils racontent leurs vacances. Elle ne punit plus personne et déchire son grand cahier de compétences. Elle veut même changer toute la disposition des tables avant que cela ne devienne un grand bazar. Émilie est-elle vraiment guérie ? Ou cette euphorie cache-t-elle un problème plus profond ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Émilie continue son long chemin de la vie, toujours marquée par un mal-être intérieur sourd et mystérieux, que certains appelleraient « spleen » et que d'autres nomment « dépression ». Dans cet opus, on rentre encore plus avant dans les affres de la psychothérapie. Avec beaucoup de subtilité et de justesse, Théa Rojzman décrit des étapes clefs des soins psychiques avec ses hauts et ses bas, ses douleurs, ses espoirs, ses révélations et ses incompréhensions. Le monde du rêve est également exploré, bien entendu avec une belle séquence graphique inventive. Alternant récit du quotidien à travers la vie d'Emilie (qui n'est pas toujours jolie malgré ce que son nom laisse imaginer) et des parenthèses explicatives sur le psychisme humain, Rojzman produit une histoire pleine de tendresse et d'humour, de folie et de moments calmes, d'amour et de souffrances. Les explications psychanalytiques sont aussi bien expliquées avec, en plus, l'apport de schéma qui clarifient le tout. Faut-il pour autant y voir une invitation à consulter ? Pas vraiment, puisque là aussi, les choses sont complexes. Émilie aime et déteste son psy ; et même si elle a besoin d'elle, elle apprend également à avancer par elle-même et par ses amies. Un vrai récit de vie, parfaitement représenté par le trait délicat et fin de Anne Rouquette. Le personnage d'Emilie est si beau, si touchant et si complexe qu'il résonne en chacun de nous... au plus profond de notre ça !