L'histoire :
Émilie Geoly, institutrice, a 30 ans, avec un look très Mary Poppins. Elle vit avec un copain geek jusqu'au bout des doigts, et carrément boulet sur les bords, qui a du mal à satisfaire sa vie de femme. Elle a un chat qui n'en loupe pas une pour se faire remarquer. Ses parents sont gentils mais quelque peu intrusifs. Sa sœur Thérèse a une vie parfaite avec Stéphane son homme et ses jumeaux, Achille et Clovis. Face à ce tableau peu reluisant, Émilie est entrée en dépression. Ses amies Mélanie et Carole font tout ce qu'elles peuvent à leurs manières pour lui remonter le moral. Mais cela ne suffit pas et Émilie, sur les conseils de son collègue, le professeur Gougueul, se décide à se prendre en main et... à aller consulter une psy aussi aimable qu'un caillou et aux méthodes (dé)tonnantes : Mme Soulac. Cette vieille psychanalyste, âgée d'au moins 80 ans (!), a bossé avec Lacan et serait sortie dans sa jeunesse avec Mick Jagger. D'ailleurs, elle a une tortue qui s'appelle Mickie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album complet réunit les deux tomes de la série Émilie voit quelqu'un (parus en 2015 et 2017 chez Fluide Glacial), avec une fin inédite. Au scénario, on retrouve la plume subtile de Théa Rozjman, formée à la thérapie sociale. Elle met ici en scène le portrait attachant d'une héroïne en plein questionnement intérieur et personnel. Elle surmonte au gré de séances de psychanalyses rocambolesques et surréalistes, les hauts et les bas de sa vie. On découvre d'ailleurs, en respirations, les grands concepts psychanalytiques (la dépression, l'inconscient, la névrose, le ça, le moi, le surmoi, le refoulé, le transfert, les laspus linguae et calami...) traités de façon humoristique, mais non sans profondeur de sens. Une forme de psychanalyse pour les nuls, bien utile pour appréhender l'histoire d'Émilie. Au dessin, Anne Rouquette illustre parfaitement le texte de Rozjman. Son trait léger offre des moments graphiques décalés avec des scènes empreintes de surréalisme et proposant des clins d'œil (un hommage appuyé au Cri d'Edvard Munch, entre autre). Une belle intégrale à lire allongé confortablement installé sur un divin divan.