L'histoire :
La fermière et le moissonneur : Mops, vieux patron fermier, vient d’engager Flint, beau gosse athlétique, pour les moissons. Au terme d’une journée de labeur satisfaisante, il l’invite chez lui à partager un bol de soupe. Il lui présente sa femme, une jeune bombasse avec des seins comme des obus. Flint a les yeux qui roulent par terre. Et tandis que Mops s’attable et entame sa soupe, Flint besogne la fermière en douce…
Le scoop : Le pétillant Peton Honkey exulte : par courrier, on vient de lui confirmer qu’il est désormais correspondant local du Friday Morning Post dans la petite ville rurale de Penobscottville. Aussitôt, il embrasse sa femme (déprimée) et part en quête du scoop du jour qu’il saura mettre en valeur dans le journal. Au fil de ses pérégrinations, il réalise alors qu’il ne se passe jamais strictement rien à Penobscottville…
Banlieue rouge : Dans un ranch en territoire indien, une tribu se compose de plusieurs anciens guerriers reconvertis en fermiers, et d’une seule squaw. Alors que la nuit tombe, le regard inexpressif, fixé sur la ligne d’horizon, ils s’entretiennent de manière stérile sur la fermeture (ou non) de la porte du poulailler…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ces 19 histoires courtes en noir et blanc sont parues dans Fluide Glacial entre 1993 et 1998, soit bien avant que Jean-Yves Ferri ne connaisse le succès intergalactique avec son Retour à la terre et De Gaulle à la plage. A l’image de son Aimé Lacapelle, on retrouve néanmoins déjà le penchant de l’auteur pour la frénésie bucolique, soit les contingences de la vie rurale tournées en dérision. Le décor est en effet celui du middle ouest américain (aux alentours de la petite ville de Penobscottville, isolée du reste du monde), dans les années 50 ou 60. Des ploucs qui s’y croient, des champs de maïs, des élevages de volailles, des destinées tragiques ignorées (et qui le resteront), une ligne graphique propre et déjà parfaitement en place (en noir et blanc), entre semi-réalisme et gros-nez… Malgré la tendre cruauté (sic) finement avancée dans chacune de ces situations, l’exercice aurait tendance à tourner un peu en rond une fois condensé en un épais recueil (souple). Les dialogues tablent en effet tous sur le même ressort global : une vacuité des propos, des persos qui y croient à fond et s’adressent à leurs interlocuteurs en insistant à chaque fois sur leurs noms… Lues indépendamment (car indépendantes, eud’façon), ces historiettes se révèlent néanmoins tantôt absurdes (L’Atlantide, Symetric stones…), tantôt hilarantes (l’escadrille des poules dans Chicken Charlie…) ou astucieuses (L’idée de Lee…). Les poules et les bimbos jouent aussi parfois un rôle majeur (mais ces deux paramètres n’ont strictement rien à voir entre eux). Damned.
