L'histoire :
Dans un petit appartement, Louis, un écrivain en herbe qui aime jongler avec les mots, raconte à son ami Georges (un romancier, lui aussi) le thème de son roman. Il veut dépeindre la vie de misère d’une famille tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Pour cela, il donne vie à Jeanne et René Mougeot, un couple qui a invité ses voisins à souper. Au fil de la conversation entre amis, l’esprit de René est ailleurs : il sait que l’heure du repas approche et que le garde-manger est vide. Ce dernier décide alors de proposer aux voisins de faire une petite promenade avant de passer à la table dans le but de les perdre en forêt ! Mais les invités ont discrètement éraflé les troncs d’arbres sur leur passage avec un canif pour retrouver leur chemin... Après réflexion, Georges trouve cette histoire banale, Louis est abattu mais il compte bien écrire un roman qui explose les limites du récit !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initialement paru dès 1990 dans les pages de Fluide Glacial, la série Georges et Louis, romanciers de Goossens a immédiatement connu un joli succès, notamment grâce à l’imagination débridée de son créateur et à ses personnages toujours à côté de la plaque mais tellement attachants. Si bien que le dessinateur a réalisé de nombreux albums depuis 1993. Du coup, ce premier volume de cette intégrale (qui reprend les albums Georges et Louis Racontent de 1993, Introduction à la Psychologie de Bazar de 1994 et Panique au Bout du Fil de 2006) permet de remettre au goût du jour cette série hors normes et (re)découvrir son univers, notamment par le biais d’une interview de Daniel Goossens et d’une sélection d’histoires parues dans les albums Passions et Combats. Et même si on pense parfois à Edika pour les chutes plus ou moins cohérentes, ou à Gotlib pour les textes décalés, force est de constater que Goossens a su insuffler une personnalité à cette série et lui donner un petit côté poétique. Ainsi, entre les envolées lyriques d’un Louis porté par la passion de l’écriture et la sagesse d’un Georges parfois désabusé, l’auteur s’est efforcé de rendre ses personnages attachants au travers de leurs recherches créatives hors sol, dans lesquelles on croise aussi bien l’ami Pierrot que Gédéon l’extraterrestre de Bételgeuse. Du côté des dessins, au-delà de la patte de l’artiste reconnaissable entre mille, on se retrouve dans l’univers graphique noir et blanc typique de Fluide Glacial avec un contraste bien marqué qui va évoluer vers des teintes plus sépias dans les dernières pages et le recueil du tome 6 de la série. En fin de comptes, ce premier volume de l’intégrale Georges et Louis est une petite pépite de 184 pages comme on aimerait en lire plus souvent et qui démontre encore une fois l’étonnante vitalité créative de Daniel Goossens dès le début des années 1990. Espérons que l’artiste se repenche un de ces jours sur ses deux personnages fétiches, car leurs échanges poético-littéraires barrés nous manquent beaucoup en ces temps difficiles...
