L'histoire :
Louis est peureux, pleurnichard et il a la poisse. Mais il a une imagination qui déborde et s’adonne souvent à l’écriture. Georges, lui, plutôt du genre pépère, est plus distingué, calme et il supporte avec beaucoup de patience les soliloques sans fin de Louis : « …Est-ce que tu sais, Georges, qu’écrire un livre pour les enfants, ça peut rapporter le gros lot ? Avec ça, des types sans charme se sont mariés avec des femmes en leur achetant des pavillons à la campagne ! Ça c’est juste l’idée, c’est bien, mais ça ne suffit pas. Après, il faut écrire le livre. C’est le plus dur. 20% de génie, 80% de travail. Et j’ai commencé à travailler. D’abord, les héros sont des enfants. Ensuite, tous les types humains doivent figurer… un garçon, une fille, un gros, un grand à lunettes, un malin, un petit noir… Ecris les aventures d’un brun et d’un blond, et dès la sortie de ton livre, c’est la consternation chez les roux. Le monde des enfants est beaucoup plus riche qu’on ne croit. Ils chassent des sorcières, ils terrassent des monstres… Là où la police baisse les bras, ils jouent les détectives et démêlent des affaires sombres… C’est moins connu car les enfants sont petits. Petit = dérisoire. Regarde le plancton. Oui, le plancton. Le plancton, quand tu le vois flotter, ça a l’air mort. Mais quand tu l’observes au microscope, tu changes d’avis. Tu comprends vite que c’est là que tout se passe. Comparé même à une boite de nuit, et même un samedi soir, quelle ambiance ! Eh ben les enfants c’est comme le plancton au microscope, quelle ambiance ! … »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au travers de deux de ses personnages fétiches, les désormais célèbre Georges et Louis, Goossens propose une prose quasi théâtrale, d’un comique sans pareil, dramatique et parfois cynique. De la bande dessinée à la comédie, il n’y a plus qu’un pas à franchir… Vous l’aurez compris, les textes de Goossens sont toujours de grandes parties de plaisirs : riches, inventifs, décapants, uniques et décalés ! Certes, il faut être quelque peu initié à ce style particulier et sophistiqué. Les néophytes y trouveront tout de même leur compte dans quelques aventures plus accessibles. En lieu et place d’une scène, vous trouverez des planches avec une mise en scène redoutable et un dessin remarquable. A la fois sobre et complexe, le trait exclusif de Goossens s’exprime au travers de sublimes planches de couleurs sépia, par moment colorisées. De plus, l’album inaugure un nouveau grand format chez Fluide Glacial qui lui donne des allures d’œuvre d’art : un délice !