L'histoire :
Avec l'émancipation des années 68, les auteurs de BD se sont totalement libérés. A l'époque, Gotlib et ses amis déchaînent leur imaginaire sur l'Echo des savanes. Malgré tout, les autres auteurs vont petit à petit déserter le journal à cause d'une gestion catastrophique. En 1975, Gotlib se lance pour créer un autre journal avec l'aide de son ami Diament. Ils louent un petit studio à Issy les Moulineaux, que Gotlib appelle AUDIE (en référence à sa femme Claudie) ce qui signifie : Amusement, Umour, Dérision, Ilarité Et toutes ces sortes de choses. Le journal s'appellera Fluide Glacial. Comme un symbole, le tout est acté chez un notaire le 1er avril 1975 ! Au début, le journal est trimestriel et Gotlib touche à tout : direction, dessin, scénario... Puis Fluide Glacial prend de l'ampleur et sort cinq numéros par an, puis un par mois. Il atteint 30 000 exemplaires en 1979 pour devenir très vite une référence dans le monde de la bande dessinée. Découvreur de talent, Gotlib reprend le flambeau de Goscinny sur le journal Pilote. Il est un rédacteur en chef aimé et prolifique...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce beau livre n’est pas une rétrospective de la vie riche en rires et en talents de Marcel Gotlib. Cet épais volume est plutôt un retour sur l’ère Fluide Glacial initiée par le maître de l’humour. Ainsi, sont republiés ici tous les éditos de Gotlib en début de journal. Bien sûr, le tout est accompagné de dessins, de planches, de photos… L’occasion est trop belle pour redécouvrir ce génie du neuvième art, auteur de La Rubrique à Brac, Les dingodossiers, Gai Luron, Pervers Pépère, Rhaa Lovely, Superdupont, Cinémastock... Dessinateur de talent, Gotlib est aussi un grand humoriste qui manie les calembours et les gags en tous genres. Il se plaît à multiplier les éditos erronés ou factices et fait même croire que Fluide Glacial a un abonné de marque : le pape Jean Paul 2 en personne ! Les jeux de mots et un style plein de fraîcheur vous fera sourire sur de nombreux articles. On constate également que Gotlib est capable de mêler habilement langage fleuri et soutenu avec des jurons désuets et démodés. Tous ces éditos montrent que l’auteur a évolué et a clairement glissé du crayon à la plume. Le plaisir manifeste d’écrire des préfaces au journal est contagieux et se crée naturellement une complicité avec le lecteur. Au fur et à mesure des éditos, Gotlib prend de l’assurance et donne de plus en plus son avis sur la société d’aujourd’hui et sur la culture. Dans la bonne humeur, il balance des piques bien senties aux élites et aux pseudos intellectuels qui prennent de haut son travail. Il dévoile ainsi certains aspects de sa personnalité méconnue et l’on découvre à travers ses écrits un grand amateur d’art, de chanson, de cinéma et de peinture. Il parle parfois discrètement et avec pudeur de sa vie privée en évoquant sa fille Ariane et son petit-fils Marius. Gotlib a toujours prôné le rire à tout prix et a aussi été très souvent le protecteur d’autres artistes en devenir. On constate finalement que Gotlib, avec l’âge, se rapproche de plus en plus de son maître qui était aussi son bourreau : le fameux René Goscinny. Les débuts de Fluide Glacial sont aussi des mines de créativité et de fantaisie très drôles. On retrouve avec plaisir plusieurs dessins en collaboration avec certains grands noms de la BD comme Druillet, Solé, Alexis, Goosens… Gotlib s’est même essayé au roman-photo. On peut voir certaines de ses créations, dont un jubilatoire cours d’éducation sexuelle dirigée par Brigitte Lahaie. Superdupont, le fameux super héros à la française, sera également joué au théâtre à Paris ! Un superbe tome, « hilaritoire » comme dirait ce cher Gotlib.
