L'histoire :
Kador est le chien de « Monsieur et Madame » Bidochon, « paisibles retraités » ringards et populistes, en charentaises. Tandis que ses maîtres atteignent des profondeurs abyssales en matière d’intellect, Kador, lui, est passionné par… la philosophie. Aussi, lorsqu’un vieux pote de régiment du père Bidochon vient troubler le quotidien débonnaire de la famille, Kador n’a d’autre choix que de se boucher les oreilles avec des boules Quiès. Après avoir évoqué quelques souvenirs et poussé un cri de guerre hautement spirituel, les deux copains parlent de Kador. Le pote militaire qui n’a pas remarqué les bouchons dans les oreilles du chien, encourage alors Robert Bidochon à faire montre de son autorité. Enfermé dans le silence pour savourer un ouvrage de Kant, Kador n’entend strictement rien et semble rester d’une placidité à toute épreuve. Eclate alors une dispute irréversible entre les deux « copains »… Plus tard, Kador apprend aux Bidochon qu’il désire s’inscrire à la fac. Le Robert reste médusé, lui qui a échoué au certificat d’études… La Raymonde est partagée entre la colère et les larmes de voir son toutou vouloir voler de ses propres ailes ( ! )…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le dessin n’a jamais été le point fort de Christian Binet. Mais on s’en fout comme de l’an mille – me direz-vous – car l’objectif de ses Bidochons ou ici de leur intello de clébard, Kador, n’est pas de produire des chefs d’œuvres picturaux. A l’aide d’un crayonné rapide en noir et blanc, Binet nous enchante davantage par son regard acide sur la « beauferie » ordinaire et ses vices cachés. En ce sens, ce troisième opus (oh ! puces !) de Kador ne déroge pas à la règle. Il est toujours aussi jouissif d’opposer aux pitoyables propos de ses maîtres l’ouverture d’esprit bridée et penaude de ce chien intellectuel et philosophe. Cependant, après un premier sketch réjouissant, Binet nous livre jusqu’à la fin de l’album des séries de gags en 6 cases, qui tournent inlassablement autour des mêmes thèmes : la fac, la pâtée, les mémoires... A force, la redondance des chutes et la récurrence des propos ne font plus rire, ni même sourire, et finissent tout simplement par agacer. Pris indépendamment, ces gags en quelques cases font peut-être mouche. Entassés à la suite dans un même recueil, ils se neutralisent mutuellement… et l’album devient hélas barbant.