L'histoire :
Joshua achète le dernier Fluide Glacial au bureau de tabac, avec quelques feuilles à rouler. Puis il se rend en vélo à son emploi : il est serveur au Book à Bar. Il montre alors une histoire un peu trash du magazine à sa patronne, Manon, et à un client régulier, Maxime, qui en rigolent tous les deux. Dans l’histoire, Martin, concepteur de jeux vidéo chez Ubisouft, vient d’imaginer un nouveau game-concept : dans une jolie prairie, un mignon petit lapin trucide une gentille souris en se servant d’une carotte comme d’un poignard. +2 points. Puis il égorge une licorne avec la colonne vertébrale de la souris. + 8 points. Puis il perfore un pingouin avec la corne de la licorne… A chaque fois, c’est totalement gore et politiquement incorrect. Après avoir testé le jeu, le patron de chez Ubisouft enguirlande Martin. Mais il est complètement timbré de proposer ça à des enfants de 7 ans !? Ce que le patron ignore, c’est que le fils de Martin est d’une violence verbale et physique inouïe avec son père, ce qui explique que son curseur de la bestialité ordinaire soit quelque peu décentré. Mais revenons à notre serveur, Joshua, que cette histoire fait marrer. Car Joshua connait la dessinatrice qui réalise cette histoire : elle s’appelle Dara, elle s’installe quasiment tous les jours sur une table du bar, elle est mignonne et discrète, et il en est secrètement amoureux… Il veut aussi comprendre d’où lui vient cette inspiration de mettre en scène systématiquement des gamins qui sont tous des petits cons.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’humour trash de Jonathan Munoz n’est pas un secret. Dès ses débuts, avec Un léger bruit dans le moteur, l’auteur lyonnais mettait en scène un gamin mû par des pulsions gores tout à fait naturelles chez lui… C’est la même inspiration politiquement incorrecte que l’on retrouve à travers ce recueil d’historiettes vachardes, reliées entre elle par le fil rouge de la vie d’un bar. Les historiettes indépendantes appartiennent en effet à des registres et des contextes différents. Dans la trame narrative, elles sont cependant toutes réalisées par une autrice fictive, mise en abyme en tant que cliente régulière dudit bar. La patronne, le serveur et un client papotent entre chaque histoire, pour les relier entre elles, autour de leur vie sentimentale et des manœuvres d’approche progressive sur l’autrice, Dara. Ces interludes un peu creux et mièvres, réalisées sur des bandes à fonds blancs, sans bordures de case ni véritables décors, n’ont pas d’autre intérêt que de servir de fil rouge. La vacherie gore des historiettes, plus abouties quoiqu’inégales, s’avère la réelle plus-value du recueil. Munoz n’a pas son pareil pour dessiner des personnages stylisés d’apparence inoffensive et leur faire commettre les pires horreurs.