L'histoire :
Roberts Cognard aime le gag, le bon vieux gag à l’ancienne, comme mettre une punaise sur une chaise ou faire du patin à roulette en tutu laissant apparaître ses jambes poilues. Autant dire que cet humour vu et revu, devenu ringard, ne plait plus. Son employeur le vire, sa femme le quitte, le monde ne le comprend plus. Mais Robert va partir en croisade contre le torrent de la connerie qui envahit le monde. On le retrouve au salon du rire face à des blagueurs bien-pensants. On croise un sosie de Mitterrand, on apprend les origines de la démarche de Charlot et de la moustache d’Hitler. On assiste à son procès et à sa détention dans le Guantanamo des comiques dangereux. Après avoir réhabilité la place de la vache dans les western, Robert finira par s’évader de sa misérable fin de vie avec l’aide de Capitaine Tintin et du jeune reporter Haddock pour atteindre la porte de l’Univers qui referme les secrets de l’origine, du pourquoi et du comment.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile de résumer un album de Daniel Goossens, considéré depuis ses débuts dans Fluide Glacial à la fin des années 70, comme un génie de l’humour absurde. Vénéré par ses pairs, ce dessinateur (également ancien chercheur en intelligence artificielle !) est naturellement adulé au-delà de la bande dessinée, par Benoit Poelvoorde, Alexandre Astier ou encore Edouard Baer qui signe la préface de cet album. La difficulté de l’humour absurde est de ne pas tomber dans le n’importe quoi en additionnant des non-sens. Goossens maîtrise à la perfection l’art de trouver une cohérence dans son récit en le détraquant par touches. Avec cette réflexion sur l’humour actuelle et l’incompréhension du vieux comique incarné par Robert Cognard, Goossens avoue être lui-même un peu perdu par l’humour actuel qui doit prendre en compte toutes les sensibilités qui ont voix au chapitre via les réseaux sociaux. Toujours avec ce dessin parfaitement maîtrisé, ces personnages aux trognes inédites (il n’y a pas deux personnages qui se ressemblent), cette fascination pour les gueules de ciné américain des années 50, Goossens nous prouve qu’il n’a pas perdu de son mordant et de son talent. Il réussit à nous interroger sur ce qui nous fait rire, tout en nous faisant hurler de rire. Balèze !