L'histoire :
Taj est une créature extraterrestre rare et inestimable. Il est l’unique rescapé de son peuple, il a sillonné tous les univers connus pour tenter d’oublier sa condition. Il a survécu aux pires fléaux, aux guerres, à toutes les contrées hostiles, aux monstres les plus dangereux… Et aujourd’hui, il a décidé de se ranger, de se poser et se reposer. Fort de sa sagesse et de son expérience, il souhaite apporter la paix, la connaissance et la vie éternelle à une peuplade arriérée sur une planète insignifiante : la Terre. Sa navette se pose ainsi avec fracas de nuit, à côté d’une maison isolée. Taj s’en extrait et avance jusqu’à la porte d’entrée, qu’il ouvre. Il tombe alors nez à nez avec un gamin en tenue de pirate qui hurle, plus en colère qu’effrayé : « On avait dit pas de costume fait par les mômans ! »
Ailleurs, sur une planète dotée d’une végétation proliférante et luxuriante, trois chasseurs traquent un Krübs, une bestiole aussi moche qu’indolente. L’un d’eux regrette déjà de ne pas avoir eu le réflexe d’appuyer sur la gâchette la seconde pile où il l’a eue dans sa lunette de visée. Les voilà obligés d’avancer un peu plus loin, sur sa piste. Ils entendent son cri. Il n’est plus très loin, il se niche dans une anfractuosité sous les racines d’un grand arbre. Il suffit juste de s’approcher encore un petit peu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le territoire laissé vierge par la pénurie, ces dernières années, d’albums de Cosmik Roger et de Forbidden zone, voici un nouveau venu dans la galaxie co(s)mique Fluide Glacial : Taj, un extraterrestre vaguement conquérant, aussi moche et majestueux que l’expose frontalement la couverture. Les scénarii des 12 historiettes contenues dans ce (premier ?) recueil sont signés d’un auteur qu’on a coutume de retrouver plutôt au dessin : Olivier Supiot. Les contextes sont très variables, mais ils usent et abusent de tous les clichés de la science-fiction, pour mieux les parodier. Taj lui-même n’est d’ailleurs au menu que de trois historiettes. Il sert essentiellement de fil conducteur pour l’ambiance et ouvre chaque chapitre par un dessin parfaitement couillon. Les autres historiettes mettent en scène des proies et des chasseurs, des explorateurs galactiques et des créatures surprenantes, des divinités ou des escrocs, plutôt en fâcheuses postures et promis à une chute définitive. Nous évoluons bien dans le registre de l’humour noir et cynique. Le dessin est quant à lui assuré par Damien Geffroy, qu’on a découvert en 2019 avec le Village global, puis en mai 2021 avec les Veuves électriques. Son trait caricatural détaillé se conforme admirablement au registre des mondes cosmiques luxuriants et des bestiaires bigarrés, assurément nourri par d’innombrables influences de la culture SF mainstream. Embarquez sans crainte : dans l’espace, personne ne vous entendra vous esclaffer.