L'histoire :
Gai Luron est désespéré, il ne sait pas comment séduire Belle-Lurette. A deux doigts de passer à l’acte, il est sauvé in extremis par son ami Jujube, qui lui enjoint de réfléchir, ce que fait notre héros. Il s’endort. Enfin, il faut tout de même qu’il prenne son courage à deux mains. Or donc, le voilà qui va faire sa cour. Mais Belle-Lurette est déprimée, avec toute cette violence, ces guerres, ces morts à travers le monde. Gai Luron essaie de lui remonter le moral, mais c’est lui qui déprime. Un passage chez le psy plus tard, Jujube l’enjoint à inviter son amoureuse à une balade culturelle. Mais manifestement, ça manque de « turelle » pour les chastes jeunes gens (chiens). Belle-Lurette s’engage dans l’armée, comme infirmière, pour soulager les malheureux. Nos deux héros décident eux aussi de franchir le pas (cadencé). Les classes sont longues et difficiles… surtout pour le sergent instructeur, qui va en voir de toutes les couleurs. Les amis vont être de corvée de chiottes et de patates plus souvent qu’à leur tour, mais Jujube et Gai-Luron ont plus d’un tour dans leur sac, et Gai Luron pourra approcher de nouveau sa bien-aimée.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier tome bien maîtrisé, Pixel Vengeur s’offre un nouveau tome des Nouvelles aventures de Gai-Luron, accompagné aux textes par Frédéric Felder. Le placide héros, qui frise l’apathie assez souvent, est comme toujours rongé par l’amour qu’il porte à Belle-Lurette, peut-être encore plus fort que celui qu’il porte à sa sieste, accompagnée comme il se doit de son coussin et de son mur. Les relations sont bien huilées et, malgré le temps qui a éculé un sacré paquet de situations, les auteurs réussissent à faire rire le lecteur des déboires sentimentaux du cousin français de Droopy. C’est d’autant plus drôle que le tandem à deux vitesses qu’il mène avec son ami Jujube permet de nombreux rebondissements. Jujube n’est jamais à court d’idées pour aider Gai Luron, alors que Gai Luron n’est jamais à court de maladresses pour gâcher les idées de Jujube. Ça fonctionne bien, et le ton loufoque, volontiers interminable, de Gotlib est repris par Pixel Vengeur et Felder avec beaucoup de réussite. Mieux, les hommages au Maître se succèdent, puisqu’on croise pêle-mêle et sans ordre de préférence, Hamster Jovial, Pervers Pépère, le commissaire Bougret et son fidèle lieutenant Charolles. Le tout est un rien foutraque et, comment dire… ça fait plaisir. D’autant que Pixel Vengeur maîtrise lui aussi l’utilisation de l’idéogramme, et les sentiments des héros sont partagés à chaque planche. La ligne claire, fidèle à Gotlib, puis Dufranne, est efficace, même si Pixel Vengeur dévie un peu de la rondeur initiale au moment des planches militarisées. Mais enfin, c’est son droit tout de même. Et puis ça marche bien. A l’arrivée, on en attend un autre, et c’est plutôt bon signe.