L'histoire :
La vieille madame Bourel s’en va jeter ses bouteilles vides dans le container prévu à cet effet. De l’autre côté du bloc container assez haut, se trouve Paulette, qui repère la mère Bourel et décide de lui jouer un tour. Par l’un des trous réservé aux bouteilles, elle hurle : « Alors, la mère Bourel, on picole ?! » La petite vieille de l’autre côté se croit interpelée par le tout-puissant et s’agenouille pour réciter ses prières et regretter ses péchés…
Attablées à une terrasse de bistrot, quatre mémés attendent qu’on les serve en compulsant des citations célèbres sur leur smartphone. L’une d’elle annonce : « Nos cicatrices nous font savoir que notre passé était réel ». L’autre rétorque : « Y’a pas que les cicatrices, y’a les hémorroïdes aussi ».
Deux mémés sont assises côte à côte sur un banc dans un square. Le smartphone de l’une d’elle sonne bruyamment, avec le son poussé à son maximum. Elle décroche en hurlant elle aussi. C’est Madame Boulin qui veut qu’on passe lui arroser ses plantes. La voisine l’entend bien, car le son de la voix du correspondant est lui aussi poussé à son maximum. Vive le dernier Iphone à 1163€ avec son son THX qui procure un confort d’écoute inégalable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers #lesmémés, Sylvain Frécon s’amuse de la concomitance de deux phénomènes sociaux. Primo, le grand-âge est plus féminin que masculin : en 2024, en France, l’espérance de vie des femmes se situe à 85,7 ans, tandis que celle des hommes ne dépasse pas 80 ans. Deuxio, en vieillissant, nous nous désinhibons. Les « aînés » ont en effet tendance à se complaire (en riant) dans l’évocation des tabous sexuels ou de l’hygiène intime. Cette double équation, croisée avec l’algorithme de notre belle époque moderne, offre à Sylvain Frécon un terrain très fertile d’humour, décliné via un dessin stylisé ultra caricatural relativement « jeté » et très dynamique. Sur le long terme, de nombreux volumes de recueils de gags peuvent ainsi être alignés. Ce 4ème opus se décline d’ailleurs au même rythme que les 3 précédents, mettant en scène trois mémés urbaines, Huguette, Lucette et Paulette, au milieu des chrysanthèmes en pots en couverture (tout un symbole…). Elles sont plus « connectées » qu’elles en ont l’air, même si elles ne comprennent pas tout. Et en attendant leur dernier souffle dans l’optimisme et la joie de vivre, elles s’efforcent d’inverser la pente de la déchéance. Elles préfèrent ainsi Sex & the city à Derrick, elles picolent sans scrupule, elles s’épilent la foufoune, elles taguent des bites sur les murs, elles se tatouent, elles scrollent à n’en plus finir sur leurs smartphones. Wesh, les meufs !