L'histoire :
Le trou du cul 2015 porte une barbe de merde. Il a une tête d’enculé, une coiffure de footballeur de merde, une barbe taillée au millimètre de fils de pute ; il porte une merde tribale à l’oreille, des lunettes carrées de gros connard, un collier en bois, des bretelles d’enculé, un jean’s trop court de merde ; il exhibe un tatouage de merde sur son bras et ne porte pas de chaussettes dans ses pompes des années 20 de fils de pute.
Suivant !
Etc.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si vous avez le malheur d’adopter un style vestimentaire, de porter ne serait-ce qu’un vêtement quelconque, ou tout simplement d’« être », il y a toutes les chances pour qu’Eric Salch se moque de votre dégaine en vous insultant de fils de pute, d’enculé ou de gogol, dans ce petit bouquin souple. Car ici – précisons – point de bande dessinée. Juste un recueil de gens, dessinés seuls et en pieds à chaque page. Une collection de « looks » typiques de chacune (à peu près) des franges de notre société, entourés des petites flèches descriptives et offensantes tout autour. Le look hipster, le look quetchua, le look patron de PME, le look cadre supérieur, le look femme enceinte, le look jeunes mariés… On vous la fait courte, il y en a près d’une centaine et tout le monde en prend pour son grade. Comme pour bien indiquer qu’il s’agit de troisième degré, Salch n’oublie pas l’autodérision et s’inclut en dessinant le look dessinateur de BD. Bref, individu du monde entier, tu es une sous-merde puisque tu réponds forcément à un « style » propre. A l’origine, Salch publiait ses dessins foutage-de-gueule-rigolos sur facebook®. Grâce au processus viral qui veut que l’outrance génère l’audience, ils ont cumulé des vues, des likes et toutes ces sortes d’indicateurs pseudo-glorieux. Le niveau a été suffisant, en tout cas, pour qu’un éditeur trouve judicieux d’imprimer le tout dans un petit bouquin. N’empêche, sous cette forme de catalogue quasi exhaustif (ouf, il n’y a pas le look journaliste de BD !), le propos se montre lassant, et la méchanceté gratuite, facile et systématique. Notamment les descriptions cinglantes réitèrent les 3-4 mêmes injures faibles et redondantes. Certes, okéééééé, Salch a un vrai talent pour souligner le juste ridicule des aspects. Okééé, il y a quelques bonnes trouvailles humoristiques disséminées par-ci par-là dans ses petites flèches ou dans les postures. Ce sont d’ailleurs bien ces atouts qui ont généré son succès. Cependant, on ne peut s’empêcher de penser que ce qui appartient à facebook® de merde est bien plus à sa place sur facebook® de merde.
