L'histoire :
Fonctionnaire de police à la retraite, Riton se reconvertit en gardien de musée. Paresseux, un peu revêche et porté sur la gente féminine, il cumule vraiment les tares pour un poste de la sorte. Pourtant, à la manière dont il se vante lorsqu'il retrouve Lucien au comptoir d'un bar, on pourrait croire qu'il est devenu marchand d'art !
En train de bidouiller sa moto sur le trottoir, Lucien reconnait Phil un ancien comparse du Balto qui passe par là. Grand fan des Rolling Stones, il invite Lucien à découvrir sa collection, mais il ignore que celui-ci est avant tout un fan des Beatles !
Au coin d'un zinc, Lucien retrouve Ricky qui apprend la dernière rencontre amoureuse de son ami, un vrai cœur d'artichaut, capable de tomber en amour 5 fois par jour !
A la terrasse d'un café, Lucien et Gillou matent les passantes et fantasment ensemble au gré de leurs looks. Pas avares en réflexions machistes, ces deux là sont vraiment un cliché. Ils se lèvent et quittent le café, visiblement satisfaits du spectacle. Deux jeunes filles de la terrasse les matent s'en aller en commentant le spectacle à la manière de nos deux rockers sur le retour.
A la suite d'un énième concert, avec le son à fond les ballons, Lucien est devenu sourd. Il retrouvera l'ouïe grâce à une opération des tympans qui n'aura lieu que dans trois mois ! En attendant, le docteur lui conseille de lire sur les lèvres. Pas vraiment pratique ! Le directeur du magasin de musique dans lequel il travaille, voit cette surdité passagère comme une grosse épine dans le pied. Alors que Lucien s'efforce par moult stratagèmes de comprendre ce que lui disent les clients, un aveugle fait son entrée dans le magasin, il postule pour le poste de vendeur !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bande dessinée populaire par excellence, Lucien et sa bande parle de la vie, la vraie, pour des millions de gens : celle de la classe populaire. Lucien est donc de retour, la banane désormais blanche et la bedaine ventripotente, il reste fan de rock et de belles bécanes. Franck Margerin, avec sa dose d'ironie innocente et néanmoins aiguisée, délivre un ouvrage où le message distrait, simplement, tout en touchant des situations de la vie quotidienne, tendance banlieue parisienne. De la retraite à l'éco citoyenneté, en passant par le check-up de la cinquantaine, on côtoie un univers familier, exprimé avec le regard de nos parents (ou nos grands-parents) et on se rend compte qu'il n'est plus si loin de nous que ça, ce temps où l'on se retourne sur notre vie passée pour faire le bilan et envisager une deuxième moitié de vie de la manière la plus optimiste qui soit, malgré un contexte pas toujours favorable. Le graphisme et les couleurs vives nous amènent dans un environnement familier, quasi domestique, dans la peau d'un banlieusard qui ne se casse pas la tête et prend toujours la vie du bon côté. Il ne faut bien sûr pas s'attendre à un haut niveau, avec ces blagues entre potes. Le gag Les séducteurs culmine en la matière, avec son lot d'histoire de pets, de fesses à l'air et de morve au nez… Pourtant, et malgré ça, Lucien et ses amis sont des gens bien sympathiques avec, pour lutter contre la morosité ambiante, la simplicité comme arme et la bonne humeur comme bouclier. Cette ambiance eighties ad vitam aeternam apporte le reste des ingrédients d'une recette qui, comme son héros, traverse les années en prenant des rides, certes, mais sans perdre de son éternelle jeunesse.