L'histoire :
Ilitch et Hervé sont deux potes sans grandes ressources, ni grandes ambitions, qui cohabitent dans une caravane sans roue plantée dans un terrain vague à proximité d’une zone commerciale. Ils vivent de petits boulots et se satisfont d’une vie simple, majoritairement passée à boire de la bière avec des potes dans des bars. Ilitch nourrit certes une vocation d’écrivain… mais il procrastine beaucoup. Pour le moment, il trouve surtout l’idée d’Hervé de braquer une baraque à frite plutôt sympa. Alors ils enfilent des cagoules, et se pointent en mobylette devant « Chez Emilie » avec des flingues achetés chez Jouet Club® en mains. Mais la cagoule d’Ilitch est trop petite et elle remonte quand il hurle « Haut les mains ! » Emilie ne panique pas un seul instant. D’ailleurs il n’y a pas de quoi : sa caisse est vide. Alors Hervé la braque pour avoir des frites et un coca. Emilie s’exécute en faisant mine de s’en foutre royalement. Alors Hervé et Ilitch retirent leur cagoules, choisissent leurs sauces, s’installent sur la table en plastoc qui se trouve devant, bouffe leur commande et paient finalement leur repas. Avant de partir, Ilitch propose même un cinoche à Emilie, à l’occase… et la jeune femme accepte. Ça y est, Ilitch est amoureux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les historiettes de Macadam Byzance ont débuté dans le magazine Aaarg!, dont Pierrick Starsky était le fondateur… Puis après l’arrêt de Aaarg! en 2016, Yann Lindingre les a logiquement accueillies au sein de Fluide Glacial. Pour autant, ces historiettes de 1 à 5 pages scénarisées par Starsky sont plus proches des chroniques sociales tendres-amères que de l’humour gotlibien, prompt à se taper sur la cuisse. Tantôt, c’est l’histoire d’une virée à la plage, tantôt la mort de Marcel, tantôt un flashback sur la jeunesse, tantôt une dispute, tantôt une réconciliation… Et toujours les binouzes et l’itération des gueules de bois, comme solution magique à tous les problèmes. Ce bémol porté à la promotion de la surconsommation, Starsky nous donne tout de même un accès direct et vibrant au petit monde des gens en galère, qui se retrouvent certes à partager des ardoises sur le comptoir d’un bistrot, mais soudés par une forte amitié. Aucune volonté de moquerie se dégage de cette démarche, il s’agit plutôt d’affection envers la communauté des gens simples et un hommage à leur solidarité. Starsky a le verbe facile, tant pour la voix off (les pensées d’Ilitch) des encadrés qui composent majoritairement la narration, que pour les dialogues bien balancés, à partir d’un argot urbain tout à fait lisible. Et Pierre Place dessine magistralement le tout via une partition encrée qui oscille entre le réalisme des décors urbains et le caricatural des expressions faciales. Moult clins d’œil sont portés à des auteurs amis, à travers les trognes et les blazes des personnages (Mo/CDM, Lindingre, Jano… et les auteurs eux-mêmes en autoportraits).