L'histoire :
Across the channel : Le major Burns et son adjoint Wayne, aussi fidèle que grossier, embarquent à Douvres à bord d’un steamer, à destination de Calais. Leur objectif : coincer la voleuse surnommée « La pie », qui a dérobé une précieuse statuette nordique, représentant un kraken sculptée dans le bec d’un poulpe géant, au British Museum. Ils ne mettent pas longtemps avant de la trouver et de la coincer, dans une cale du navire. Mais « la pie » a plus d’un tour dans son sac. Elle aveugle les détectives, invoque les forces obscures du kraken et s’enfuit à bord d’une chaloupe…
The beast : Burns et Wayne ont répondu à l’appel du directeur de zoo de Londres. En effet, un des gardiens a été retrouvé mort, atrocement mutilé par un animal sauvage... dans les allées du parc. Le vétérinaire est formel, aucun animal ne manque à sa cage. Selon lui, la nature et l’emplacement des blessures prouvent qu’elles ont été infligées par un lycanthrope. Les détectives décident donc de monter la garde la nuit suivante, armés d’un révolver chargé en balles d’argent…
The possessed woman of Whitechapel : Burns et Wayne accompagnent un bobby (policier) au domicile d’une femme possédée par une créature démoniaque. Ils la découvrent au lit, en train de délirer : « Morgulis, staroth, Galogul, Terranocte ». Wayne lui administre un médicament pour la détendre. Aussitôt, un ectoplasme glauque, avec une grande gueule dentue, sort de sa bouche. Un tentacule se saisit alors du bobby et l’engloutit dans un cri atroce…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur des scénarios de Philippe Geluck, Devig avait déjà dessiné Les aventures de Scott Leblanc, truffées de non-sens, de pure couillonnerie et de second degré. Dans la foulée de son précédent Bertin Timbert, parodie rurale de Tintin, le voilà qui récidive en solo, toujours via une ligne claire on ne peut plus propre et classique, en parodiant un duo d’enquêteurs so british, proches des célèbres Sherlock Holmes et son fidèle Watson. L’époque, le registre policier et le relatif détachement par rapport aux faits sont bien les seuls points communs. Des différences viennent se démarquer, à commencer par le recours systématique au genre fantastique, ce qui rapprocherait plutôt le duo de Mulder et Scully (X-Files). On croise en effet un kraken géant, un loup-garou, un ectoplasme, des fantômes, une sorcière, des zombies, des martiens, une créature de Frankenstein, une momie vivante… Soit un catalogue typique et relativement exhaustif du genre. Cependant, l’aspect incongru et absurde des énigmes auxquelles doivent se confronter les héros trouvent un parallèle dans la facilité et la « gratuité » avec lesquelles elles sont résolues. Il n’y a jamais à proprement parler d’intrigue : le duo d’enquêteurs n’a qu’à pousser leurs investigations basiques pour que l’intrigue se résolve d’elle-même, de la manière la plus insolite possible. Et si possible, sur une réplique vaseuse ou une chute plate, en contrepied de l’art traditionnel du gag. Les gros amateurs de non-sens apprécieront.