L'histoire :
Deux copines sont en terrasse et observent le boucher, qui est un garçon plutôt mignon. Sans détour, l’une d’elle affirme qu’il doit avoir forcément une grosse bite, car c’est un boucher. Elle se lance dans une démonstration intarissable. Pour elle, en toute logique, la taille de la bite dépend du métier : les bouchers, les maçons, les charpentiers ont des énormes paluches, il est donc obligé qu’ils soient bien membrés. Un doigt de boucher ça doit être plus gros qu’une bite de comptable, de graphiste ou d’auteur BD… C’est comme les papas, ça a des grosses bites les papas. Une fois quand elle était petite, elle a vu celle de son père : elle était énorme, bien large. Son amie lui apporte la contradiction car son raisonnement ne tient pas : il y a des comptables qui sont pères… Ils ont quelle taille de bite, alors ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En sélectionnant le meilleur des deux albums déjà parus en 2020 et 2021 de Merci l’amour, merci la vie, cette anthologie du love est forcément annonciateur d’un bon moment de poilade. Dans la lignée de Fabcaro, Yannick Grossetête saisit des tranches de vie pour en faire des historiettes déjantées dont il pousse l’absurde à son paroxysme. C’est avec un humour caustique, plein de non-sens qu’il évoque par exemple la déclaration d’amour (ratée) dans un jardin public, le passage de relai houleux du dimanche soir pour la garde alternée des enfants, l’enterrement d’un collègue qui laisse un bureau en désordre, ou encore les jeux vidéo de foot où l’essentiel de l’action se déroule hors des stades, etc. Les adeptes d’humour corrosif vont apprécier cette approche sociologique. Graphiquement Yannick Grossetête nous sert un dessin stylisé sobre, avec des personnages aux visages quasiment sans mimique mais avec une gestuelle suffisamment expressive. Le traitement des couleurs est également assez minimaliste avec des aplats de deux à trois couleurs tout au plus.