L'histoire :
Alors que Cornelia, desperadette solitaire dont la tête est mise à prix, est affairée à fuir les instincts brutaux de hordes d’indiennes, Lindbergh, sensible homme au foyer, fuit pour sa part un avenir ennuyeux auprès de sa riche et notable épouse. Les aléas de l’une et de l’autre vont provoquer leur rencontre au milieu des plaines sableuses. Démarre alors une cavalcade sans merci dans laquelle ils vont essayer, ensemble, de se défaire des cinglées qu’ils ont aux trousses : Hatchet, une pasteure-chasseuse de primes farouche, et Mumu, bandite effroyable, accompagnée de ses stipendiées. Celle-ci n’a d’autre dessein que celui de trouver le philtre qui l’aidera à guérir d’un mal pour le moins cocasse : à son insu, Mumu est étrangement en train de changer de sexe… La pierre angulaire de tout cet embrouillamini n’est autre que le vieux Camille qui, autrefois, était aussi une femme et qui a certainement une vague idée de l’endroit où se trouve l’élixir prisé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ceux qui en doutaient encore, Arnaud Le Gouëfflec est un scénariste (romancier, poète, musicien…) capable de tout, du moment que ça surprenne. Avec Mondo Reverso, il nous livre un récit qui dézingue un à un tous les clichés inhérents à un « bon western », pour les transposer dans un univers où le matriarcat est un doux euphémisme. Et c’est absolument génial. Ici, les femmes puent, picolent, pètent, vont au bordel et maîtrisent la Winchester, alors que les hommes sont coquets, attifés de frou-frous ou de résille et rougissent lorsqu’ils prennent des mains aux fesses. Evidemment, la gymnastique est au début un peu difficile pour le lecteur, surtout dans une période où les excellents Undertaker, Stern ou encore Marshall Bass ont redonné un second souffle à un style viril dont on croyait avoir fait le tour. Mais c’est là tout l’intérêt de Mondo Reverso, celui de chatouiller nos synapses parfois trop sexuées. En plus, ce travail imaginatif est largement prémâché par le dessin sublime de Dominique Bertail. Le trait est impeccable, tout à fait dans l’esprit du scénario, et la couleur sépia du lavis (qui n’est pas sans rappeler les photos d’époque) absolument maîtrisée. Dans un contexte social émoussé par les multiples scandales de harcèlements sexuels, cet ouvrage tombe à point nommé. « Balance ta suite ! »
