L'histoire :
Albert Richard est maire depuis 17 ans de la commune tranquille de Saint-Marcel-sur-Riselle, affilié au parti politique MUP (Mouvement pour une Unité Politicienne). 17 ans, selon le rythme des calendriers électoraux, cela signifie qu’il arrive au terme de son troisième mandat et que, donc, il va repartir une quatrième fois en campagne ! Il en discute avec une de ses fidèles administrées, Annette Ligier, dont le fils Gérard était jusqu’à présent 4ème adjoint… et auquel le poste de 1er adjoint est désormais promis. En 11 ans de fidélité, il est le seul qui n’ait jamais déçu Richard. Vient le jour du conseil municipal où la future liste de la majorité doit être annoncée. Tout fiérot de son petit remaniement, Richard laisse Gérard Ligier annoncer lui-même la chose. Or coup de Trafalgar : Ligier annonce sa démission, ainsi que celle de 10 autres membres de la majorité ! La démission de plus d’un tiers du conseil municipal entraine logiquement des élections municipales anticipées. Sa liste à lui sera composée de représentants républicains de tous horizons politiques. Richard fulmine. Cette liste dissidente et d’obédience Euro-Centrum chamboule toutes ses certitudes en matière de politique locale, qui faisaient sa force. Mais il n’a pas dit son dernier mot…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En écho à notre époque pressée, les médias présentent la politique nationale comme une sorte de thriller tragi-comique permanent, ponctué de petites phrases et de grandes trahisons (d’équipes ou de promesses). En contrepied de ces enjeux politiques à l’échelle du pays, Yann Lindingre et Aurel propose avec Rase Campagne une chronique grinçante de la vie politique à l’échelle communale. Dans ce récit, un adjoint ambitieux mais sans charisme fait sécession avec son vieux briscard de maire, trop sûr de lui, tendance auto-satisfait. Les deux protagonistes se lancent alors dans une campagne municipale anticipée musclée, ponctuée de complots, d’alliances, de pots-de-vin et de coups bas. Ce microcosme municipal ne se débarrasse pas des aspects tragi-comiques nationaux, avec l’accent à peine plus mesquin. Cette représentation de la politique au ras des pâquerettes répond à son intention : réaliste et grinçante. Trop réaliste et grinçante, sans doute, pour être drôle. Lindingre et Aurel brossent des caricatures de personnalités locales, tellement proches de leurs rôles, tellement vraies, que leur récit tourne au banal. Rien dans cet album n’étonnera les lecteurs qui ont approché de près ou de loin la charge municipale, certes parfois étroite dans ses rapports humains, certes souvent ridicule dans ses apparentes ritournelles, mais tellement nécessaire et difficile au quotidien. Tourné uniquement sur la médiocrité, le focus ne contribue pas à réhabiliter les nobles intentions de la Politique avec un grand P… mais c’est certes le principe du pamphlet, ici pleinement réussi.