L'histoire :
La vie de jeunes parents n'est pas facile : on se retrouve vite décontenancé face aux balbutiements des bébés ou des jeunes enfants qui n'en font qu'à leurs têtes. Et même s'ils ont été désirés (pour la plupart), il faut bien avouer qu'on serait bien tranquilles s'ils n'étaient pas là ! Ceci étant, avoir des parents sur le dos ce n'est pas toujours la panacée pour les jeunes enfants et les futurs ados en devenir... Peut-on casser les codes et s'affranchir du modèle parental ? Va-t-on forcément ressembler à nos géniteurs ? N'y a-t-il aucune échappatoire ? Et si le meilleur moment de la vie, c'était d'être en phase de la finir, alors ? Est-ce que ça ne serait pas le moment idéal pour avoir la paix et vivre sans contrainte ? Ce n'est pas aussi facile car les descendants lorgnent sur l'héritage derrière les sourires et les attentions de façade. Les sales mômes d'aujourd'hui sont-ils les sales vieux de demain ? On dirait bien...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne choisit pas sa famille... et ses amis, non plus ! C'est en tout cas ce que Mathilde Domecq et le dessinateur James compte bien démontrer. De fait, c'est toute une galerie de personnages (des jeunes, des vieux, des couples hétéros ou gay, des célibataires...) qui va passer au crible d'une vie faite de petits riens et de grands tout. Ainsi, au travers de ces petites historiettes de seulement quatre cases, Mathilde Domecq va mettre en lumière tous les petits travers de la vie quotidienne et passer à moulinette tous les poncifs de la bien-pensance qui rappellent à bien des égards Les Frustrés de feu Claire Bretecher. Ici, chacun en prendra pour son compte. Et force est de constater que le lecteur se (re)trouvera forcément dans l'une des scénettes de Sales Môme, Sale Vieux ! Serions-nous en définitive tous les mêmes ? C'est bien possible, oui... Du côté des dessins, l'artiste James a opté pour un trait simple mais plutôt réussi pour transmettre les ambiances de chaque histoire. De plus, l'utilisation de la bichromie (rouge/blanc, vert/blanc, bleu/blanc, violet/blanc) dans cette bande-dessinée permet d'éviter la redondance visuelle et d'amener un brin de chaleur à l'ensemble. Et ça marche plutôt bien ! Avec leurs petites tranches de vie dépeintes de manière corrosives ou avec beaucoup d'empathie, Mathilde Domecq et James réussissent le tour de force de mettre en lumière deux âges charnière de la vie : la jeunesse et la vieillesse, sans ambages. Au final, il faut bien avouer que le duo créatif a bel et bien raison : quand on est un sale môme, on finira un bon jour sale vieux... C'est écrit dans le marbre. Et comme le disait ce bon vieux Brassens, Quand on est con, on est con !