L'histoire :
Un homme est dans son fauteuil, son perroquet sur son perchoir. Chacun feuillette son magazine masculin : Lui pour lui et Aile pour l’animal de compagnie. Dans le calendrier de Siné de 1967, chaque mois présente une femme dans une position et/ou une tenue suggestive, de quoi passer une bonne année ! Une femme fait ses courses dans self-sperm’ service. De Michel Audiard au Shah d’Iran elle a l’embarras du choix ! Les prix Nobel sont même en réclame ce mois-ci ! Siné a aussi proposé à des producteurs de cinéma des affiches pour leurs films… sans grand succès. Dans un couloir d’hôtel, devant la porte d’un couple « ouvert », il y a les bottes de Monsieur, les escarpins de Madame et les sabots du cheval. Dans L’homme moderne en quête de lui-même, Siné pense à des dessins hauts sur des sujets de société : la culture consiste à tailler, émonder, élaguer, arroser cette chose imprécise et proliférante qu’on appelle la nature humaine. L’information, on veut aussi la connaître par les yeux. Le journal télévisé est le canal d’alimentation quotidien de notre curiosité. La mode : un homme rampe derrière une femme… flaire-t-il la forte odeur du snobisme ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une époque exista où la grande majorité de ce qui est nommé comme perversité sexuelle aujourd’hui faisait partie de la panoplie des jouisseurs et jouisseuses. Cette époque même où la population tournait le dos à ces clichés. Avant d’être savamment rattrapée par les guerres de-ci de-là et la morosité ambiante, la libération sexuelle fut un standard des années 60 à fin 80. C’est d’ailleurs de 1963 à 1989 que Siné a collaboré avec le magazine pour hommes Lui. Siné comme chez lui est donc un recueil d’illustrations qui trouvaient leur place au milieu des photos bien réelles de pin-up (quel mot amusant). Pour la grande majorité des gags, c’est de « l’humour à papa », de la provocation d’un autre temps et des sujets bien réels de société qui n’ont toujours pas trouvé d’issue positive aujourd’hui. Incompris par bien des bien-pensants, Siné a sa place dans la mémoire populaire, ne serait-ce que par le souvenir de son trait si caractéristique. Ce recueil présente gags visuels et confession de l’auteur, une tranche d’histoire vue par la lorgnette d’un visionnaire incompris. Parce qu’après tout, c’est ce qu’il était.