L'histoire :
Pour le Fluide Glacial n°9 publié en février 1977, Franquin dessine deux chats qui copulent, prenant diverses positions sur huit cases. Gotlib s’empare de ces dessins et en fait un montage à la hauteur de la subtilité déconnante du magazine. Il ajoute des bulles de textes, des onomatopées pleines de miaous diversement ravis, inquiets ou furieux. Il duplique, bidouille, malmène, réoriente, remaquette et narre une fornication qui va de mâle en pis (sic)… et publie finalement 15 pages de BD, à raison de 4 cases par planches, avec une conclusion rigolote. Retour sur une poilade poilue devenue culte et réalisée à quatre mains.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1977, sur la proposition émerveillée de Gotlib, Franquin est devenu un collaborateur régulier et enjoué du magazine Fluide Glacial. Après des années rouleau-compresseur à avoir dessiné Spirou, il accuse le coup d’un burn-out, et il voit chez Fluide un espace de liberté et de déconnade salutaire. Ce contexte est précisément et longuement expliqué par Gérard Viry-Babel en préface et dans les longues annexes de ce petit bouquin carré consacré à cette déconnade en commun réalisée par Franquin et Gotlib… Et cette explication fait précisément le sel de cet ouvrage, en sus de la bande détournée par Gotlib, publiée dans Fluide n°9 et des dessins originaux de Franquin. L’idée était de faire un Slowburn gag, c’est-à-dire un gag à retardement, inspiré des comiques américains (Jerry Lewis). Et ces chats – dont l’un semble tout droit sorti de Gaston – réapparaitront ailleurs et plus tard, comme preuve de l’autosatisfaction des auteurs, réclamant running-gag. Plus de 40 ans plus tard, les éditions Fluide Glacial republient donc les originaux et remettent tout dans l’ordre. Evidemment, tout cela est un peu court pour accorder un attrait démentiel à ce petit ouvrage, qui ravira néanmoins les collectionneurs et les nostalgiques de ces auteurs et de l’époque.