L'histoire :
La célèbre émission « En Replay » propose de se repasser toutes les séries que la téléréalité a pu engendrer. Ainsi l'émission Disparu de Vue se consacre aux retrouvailles de sœurs siamoises... C'est aussi vrai pour les Sudistes qui sont désormais envoyés au Tibet pour faire mentir l'image d'exhibitionnistes qu'on leur porte depuis qu'ils se pavanent sur les plages du monde entier. L'autorité du grand frère Pascal n'est plus à démontrer tout autant que les coups de fourchettes des protagonistes de Toq Chef. Entre toutes ces histoires, Géraaaard le poulet rôti se charge, pour sa part, de prendre le relais pour revendiquer de meilleures conditions de vie aux côtés d'autres gallinacés destinés au même sort dans cette rôtisserie de rue. Mais bon, comme il est même possible désormais de trouver l'amour sur un site d'e-commerce mondialement connu, ce n'est pas si grave de devenir un serial looser. N'y a-t-il pas finalement que la vérité qui blesse ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Stella Lory, c'est Arthur de Pins qui en parle le mieux. Appelé à parrainer la jeune autrice dans son entreprise culturelle, le dessinateur des Péchés Mignons et de Zombillenium dit de Stella Lory en guise d'introduction de l'ouvrage : « Dans chacun de ses dessins, il y a ce conflit permanent entre le mignon et le trash... Bon, il lui reste juste à savoir dessiner des mains qui ressemblent à des mains plutôt qu'à des pinces de crabe. » De là à en conclure que le dessin de Stella Lory n'est pas de qualité, il y un pas que nous ne franchirons pas. Les propos d'Arthur de Pins n'abondent d'ailleurs pas dans ce sens, mais ils soulignent l'esprit détonant de la dessinatrice. Celle-ci met en scène toutes les aberrations de notre société moderne au travers de dessins décapants. Stella Lory manie l'auto-dérision avec beaucoup de brio. On sent d'ailleurs qu'elle a dû s'engloutir pas mal d'émissions de télé-réalité pour en connaître autant sur le sujet. Elle traverse d'ailleurs toutes les époques, sachant que son lectorat, issu de Fluide Glacial, est arrivé à un âge mûr, puisque Jacques Pradel et le grand frère Pascal, véritables star de la téléréalité du XXème siècle, y tiennent un rôle aux côtés des Sudistes qu'elle envoie au Tibet. Son esprit vif lui permet de poser un regard critique qui dépasse allègrement le seuil de la réalité pour nous conter des situations aussi loufoques que décalées. Le dessin s'inspire clairement du parrain de Pins, même si le trait s'avère être plus agressif et moins rond que celui de son aîné. La mise en couleurs est lumineuse et chacune des cases détient son approche dérisoire. Bref, on s'amuse d'une page à l'autre de cet ouvrage qui démontre, une fois de plus, que l'écurie du magazine satirique qui la publie détient de véritables talents. Vivement le suivant !