L'histoire :
Beret sur le crâne, moustache virile, cocarde tricolore en guise de ceinture, marcel cerclant une bedaine ventripotente et charentaises aux pieds, Superdupont tourne la mollette de sa bonne vieille TSF. Il enrage de ne recevoir que des longues ondes crachant d’autres borborygmes que sa belle langue de Molière. Soudain, il tombe sur une confession intime faite par téléphone auprès de Madame Brigitte : une auditrice emprisonnée dans un pénitencier voudrait enfanter, mais elle ne sait comment s’y prendre. Lorsque Superdupont entend son nom, Georgette Doublansky, sans sang ne fait qu’un tour ! Il décolle en majesté et met le cap sur la forteresse des filles perdues. Après avoir réglé son compte à la cheftaine des matons, il peut enfin enlacer sa Georgette derrière ses barreaux. Georgette lui avoue alors que c’est avec lui qu’elle veut donner naissance à une progéniture, afin qu’elle soit française. Superdupont s’imagine alors dans les couches-culottes et les poussettes, un rôle qui lui semble incompatible avec son job de super-justicier. Mais qu’à cela ne tienne, il passe un coup de fil au garde des sceaux pour débrouiller la situatrion…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Superdupont est une émanation parodique du chauvinisme à la française, qui prend la forme d’un croisement génétique improbable entre Victor Lanoux, Sylvester Stallone, Superman et l’abbé Pierre. Dans une première moitié de ce 7ème opus, Lefred-Thouron et Gotlib scénarisent une histoire foutraque datant de 2010 (Michèle Alliot-Marie, ici caricaturée, est encore garde des sceaux). Aussi longue que creuse, avec un Superdupont grimaçant et caractériel, celle-ci part d’un désir d’enfant en milieu carcéral, pour aboutir au dénouement d’une conspiration tarabiscotée à l’encontre de la belle jeunesse française. Puis l’album recueille quatre histoires courtes créées entre 2007 et 2009, n’ayant visiblement pas encore trouvé leur place au sein des précédents volumes. Celles-ci écornent gentiment les vieux réflexes franchouillards : les hommes politiques sont des truands ; le passage à l’euro est un crime envers le franc ; le rap des banlieues c’est d’la merde ; et rien de tel qu’un p’tit coup de rouge pour se requinquer. Enfin, le volume termine par une collection de 13 strips en une planche et en noir et blanc, créés du temps de Jacques Lob (les années 80). Si l’humour potache et sans prétention demeure le cap général, on a surtout connu Superdupont mieux inspiré. En notre bonne vieille période de crise, les réflexes identitaires et nationalistes méritaient sans doute des parodies et décorticages plus incisifs. Faudrait-il déduire de ces molles contingences que le personnage de Superdupont serait surclassé par la teneur des débats actuels ? Heureusement, le dessin survolté de Jean Solé, au découpage toujours saturé et entremêlé, demeure de première classe.