L'histoire :
Dans les années 70, un jeune homme promet à sa fiancée d’arrêter de fumer. Dans les années 80, il continue de promettre et de fumer. Dans les années 2000, il fume toujours et parfois dès le réveil. Dans les 2010, il est hospitalisé en cancérologie, mais il continue de fumer. Aujourd’hui, sa veuve vient fleurir sa tombe au cimetière et une fumée s’échappe encore entre les dalles du marbre…
Un particulier appelle le SAV de l’entreprise d’électroménager qui vient de lui livrer son nouveau frigo. Car son nouvel appareil refuse obstinément de démarrer, même après avoir attendu 3h. Pourtant, il a bien updaté le programme de refroidissement en indexant la température en mode B-12. Il a également bien saisi le code de sécurité de mise à niveau en sélectionnant le paramètre idoine de la carte mémoire. Finalement, les téléconseillers trouvent l’origine de la panne : il n’avait pas synchronisé l’émetteur de la résistance avec le satellite Carbion-2 pour l’automatisation des glaçons. A peine a-t-il raccroché, que les gars du centre d’appel s’énervent : quelle société d’assistés, on leur mâche le boulot et ils ne savent plus rien faire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un recueil de gags d’humour noir est généralement toujours apprécié et bienvenue, notamment pour nous aider à affronter nos réelles angoisses existentielles en s’en moquant… Mais l’exercice est (très) difficile. Tout le monde ne s’appelle pas Franquin avec un tempérament dépressif et l’inspiration géniale qui va de pair pour imaginer les Idées noires ! En contrepied de sa production habituelle – composée de thrillers contemporains ou de chroniques sociales – Espé s’essaie au registre. Hélas, il se prend un peu les pieds dans le tapis. Si les gags qu’il imagine sont effectivement soit cyniques, soit morbides, soit cruels, soit gores, soit absurdes, soit tout ça à la fois, le ressort sardonique censé faire rire jaune ou au moins esquisser un sourire sadique, ne se déclenche pas chez le lecteur en fin de page. Le dessin semi-réaliste à tendance caricaturale est certes au point, mais l’inspiration est en effet souvent convenue, forcée ou artificielle. La manœuvre narrative pour parvenir à la chute sort souvent les rames et se montre laborieuse. Parfois aussi, ça tombe à plat. La titraille qui imite l’avertissement sur les paquets de clopes était pourtant une bonne idée.