L'histoire :
Dimanche 30 octobre 1938, Princeton. La radio annonce que des explosions de gaz incandescent se sont déroulées sur la planète Mars. Un mystérieux objet de grande taille, que l'on croyait être une météorite, est tombé sur une ferme aux environs de Grovers Mill. Une unité mobile spéciale se rend sur place et tombe sur des martiens... Dans la ville paisible de Princeton, un jeune homme obèse, une arme à la main et la chemise ensanglantée, erre sur une route et se fait percuter par un pick-up. Le conducteur sort de son véhicule et emmène le blessé à l'hôpital. New-York, 1er novembre 1938. Le patron de CBS et l'écrivain Douglas Burroughs partagent leurs impressions sur le buzz réalisé par Orson Welles, un jeune auteur. Il a lu des passages de la Guerre des Mondes de H.G. Wells à l'antenne, ce qui a suscité un mouvement de panique dans une bonne partie du pays. Le patron de CBS l'informe que suite à cette émission radio, un jeune homme a été grièvement blessé et que son père et sa mère ont été tués. Il lui demande d'aller enquêter sur place...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le 30 octobre 1938, Orson Welles met en ondes, sur CBS, la Guerre des mondes de H. G. Wells, racontant l’attaque de la Terre par des extraterrestres. Les jours suivants, la presse rapporte que des scènes d'hystérie collective eurent lieu dans le New-Jersey et bien au-delà : une famille fuyant l'invasion en voiture, des suicides... pour éviter d'être à la merci des aliens ! Mais ce chaos évoqué est bien loin de ce qu'il aurait pu être en réalité, sachant qu'à l'époque, à peine 2% des foyers étaient équipés de postes radio et ont donc pu écouter l'émission. Plusieurs enquêtes ont démontré que l'impact du coup d'éclat de Welles a été très modéré. Mais la légende a perduré... Laurent Galandon s'empare de cette Fake news en inventant une adaptation d'un faux roman écrit par un auteur qui n'a jamais existé : Douglas Burroughs. Une idée d'actualité à l'heure où les fake news inondent les réseaux sociaux – parfois même véhiculées par un désormais ancien président américain. Mais revenons à notre album. A la manière d'un Truman Capote (avec De sang-froid), Laurent Galandon propose une enquête policière qui se sert de prétexte à montrer que les apparences sont souvent trompeuses, que l'on se hâte à valider une vérité de but en blanc sans fouiller et que l'on préfère, par confort, se cacher derrière la fake news... tout en évoquant le racisme, un thème qui lui est cher. Une brillante performance scénaristique à souligner ! Au dessin, Jean-Denis Pendanx ne fait dans le fake, loin de là ! Il montre ici sa capacité à changer de décor et nous offre des planches magnifiques nous plongeant dans l'atmosphère particulière d'une petite ville américaine des années 30 (il délaisse ses récits humanistes pour ce polar à tiroirs). Avec son trait subtil, il révèle la tension qui sort de sa torpeur cette bourgade et qui monte page après page, jusqu'à un final qui prend tout son sens.