L'histoire :
C’est l’énième défilé de la Reine auquel Tache, un jeune garçon des quartiers aisés de la cité, assiste ce matin là. Et si son père et ses tantes ont l’air d’apprécier, lui préfère de loin aller trainer du côté de la Basse-Ville pour y retrouver ses canailles de copains. Alors qu’il n’est plus très loin de son point de rendez vous, il rencontre Jude, une jeune fille dont le caractère semble aussi trempé qu’est joli son petit minois. Elle lui raconte qu’elle vient de fuir l’orphelinat et qu’il lui faut vite trouver un abri pour se faire oublier. Notre jeune héros est persuadé que les amis qu’ils s’apprêtent à rejoindre trouveront une solution : les 2 gamins, jumeaux voyous, connaissent la ville comme leur poche. Effectivement, quelques instants plus tard, Rob et Hernie, bien qu’un peu réticents à l’idée de s’embarrasser d’une donzelle, les guident un peu plus au cœur des bas fonds, vers le drôle de Cimetière aux Bécanes, véritable fatras de ferrailles sur lequel règnent le vieux Ben et Doubl’ Croche, un petit bricoleur de génie. Le vieux bonhomme lui offre la protection de son amoncellement de vieilles machines, sans plus réfléchir, jusqu’à ce qu’il découvre par hasard que la gamine n’est pas ce qu’elle prétend : tout laisse à penser qu’elle est recherchée par le chef de la pègre locale à qui elle appartient. Il est temps de faire changer d’air à tous ces gamins, avant que le courroux du malfrat ne s’abatte sur chacun d’entre eux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En plongeant dans l’univers concocté par Arnaud Le Roux, on pense immédiatement aux récits qui prennent pour décor l’Angleterre Victorienne et l’on s’attend à voir surgir, au détour d’une planche, le petit Oliver Twist pour accompagner Tache et Jude dans leurs pérégrinations. Et derrière les murs de cette ville baignée des remugles d’un totalitarisme qui s’affiche crânement, notre petit casting de crève-misères aux visages d’angelots affronte sa destinée en une belle leçon de solidarité. Il y a tout du conte dans ce récit : le décor, les indispensables gamins, les nécessaires méchants, le chouya de romantisme, le phrasé rigolo (un peu lassant tout de même et pas forcément adapté) et la petite leçon que chacun peut en tirer. On regrettera simplement de ne participer qu’à un survol de ce petit univers et de ne pas pénétrer plus profondément dans l’histoire de chacun : un brin superficiel quoi ! Bien qu’original et formidablement esquissé, le graphisme de Marion Laurent (à l’instar des dialogues distillés par Arnaud Le Roux) finit par lasser. Le ton de la colorisation un peu fadasse et les visages lisses, un peu trop angéliques des protagonistes (qu’on peine parfois à différencier) empêchent les esquisses crayonnées de prendre leur véritable dimension. S’étant parés des meilleurs atouts pour nous accrocher, l’album n’y parvient donc que partiellement : on aurait pourtant tellement voulu s’y agripper un peu plus…