L'histoire :
Il y a des millions d’années, un couple de poisson sort de l’eau pour la première fois. Seul le mâle survit, et hurle le nom inachevé de sa compagne : « Son… ». De nos jours au Havre, c’est le jour de l’annonce faite par les médias du nouveau doyen de l’humanité, à la suite du décès du précédent, Papadou Yéyé, un respectable béninois de 149 ans, onze mois, trente jours et une heure pile. Le journaliste passe alors l’antenne à Louis Laflûte en direct depuis la Finlande en liesse qui, à cette occasion récupère une troisième étoile, 24 ans après la précédente. Est-ce un finlandais? Une finlandaise? La liaison avec la Finlande est perdue. En attendant de retrouver l’envoyé spécial, ce sont à nouveau les images d’archives du précédent doyen qui occupent l’écran. Pendant ce temps, le port du Havre est surveillé par plusieurs individus qui échangent par radio sur l’opération du jour et les imprévus qui la menacent. Pourtant, la décision est prise de maintenir l’organisation de l’évènement. Un anniversaire, ça ne se reporte pas ! A ce moment, dans le sillage d’un cargo qui rentre au port, une silhouette émerge des flots. Elle est aussitôt repérée par Poiscaille six, qui estime son temps d’arrivée au point zéro à quinze minutes. En ville, le petit groupe est fébrile, d’autant que chez les nouveaux arrivants, une ado à l’air mal luné fait son apparition au balcon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au delà des mers, c’est l’histoire d’une rencontre entre un vieillard mutant et une ado avec ses considérations d’ados. Dans un monde un peu stupide, régi par des courbes, des échelles et des moyennes, qui fête le doyen de l’humanité comme on fête une coupe du monde, une galerie de personnages et de situations décalées évoquent poétiquement la Vie au fil d’une histoire teintée de poésie et de fantaisie. Dans l’esprit de Supplément d’âme, Alain Kokor a imaginé et dessiné cette parabole autour d’une créature vieille comme le monde, comme pour clairement l’opposer à notre époque. Le dessin aux pastels est un support idéal pour accompagner ce rêve éveillé où les animaux de compagnie ont le contrôle de la télécommande de la télévision. L’attention particulière portée sur les couleurs participe également à l’atmosphère onirique. Et il suffit alors de se laisser porter pour apprécier la douceur du ton et l’humour délicat sur des sujets traités avec empathie pour la nature humaine. Si parfois ça déroute, c’est un choix, une pique à notre conscient, pour donner une occasion de remettre en question cet environnement figé par l’habitude et le confort de notre petite bulle. A la fois tendre et désenchantée, la vision de Kokor appelle à garder confiance en ce monde tel qu’il est, puisque c’est de la façon dont on l’envisage qu’il pourra nous mener au bonheur.
