L'histoire :
En 2015, Julien, qui écrit des scénars pour dessins animés, cherche un sens à son métier. En chinant, il tombe sur la B.O. signée Serge Gainsbourg, d’un film qui lui parle : Les Cœurs Verts, d’Edouard Luntz. Il se rappelle qu’en 1998, Edouard Luntz était le seul producteur qui avait bien voulu financer son projet, un court-métrage. Il s’était retrouvé devant un vieil homme, malade, qui ressassait une querelle avec Daryl Zanuck, le dernier grand producteur omnipotent des années d’or d’Hollywood. Mauvaise impression. Même si le vieil homme l’avait rappelé, Julien, lui, avait laissé filer… En 2004, pendant un cours sur les scénarios, il avait appris que l’histoire de Luntz était vraie… Le fait de tomber sur ce vinyle, tant d’années après, lui donne envie d’en savoir plus sur la filmographie du vieil homme. Mais ses films sont introuvables. Julien démarre alors une enquête au long cours, qui va le mener aux quatre coins du monde, pour retrouver les films tournés par Edouard Luntz…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Festival de Cannes, Mostra de Venise, Berlin… les films d’Edouard Luntz ont reçu les honneurs des plus grands festivals de cinéma. Mais jusqu’à récemment, sa filmographie était invisible du public. La faute à des problèmes de droits, et surtout à un très gros problème avec la Twentieth Century Fox de Daryl Zanuck : il avait été méthodiquement enterré. La faute à un procès, long mais gagné finalement par Luntz, sur le final cut. Zanuck, furieux que le budget du film de Luntz, le Grabuge, ait explosé, furieux aussi de la longueur du film (près de 3 heures), avait décidé de refaire le montage pour que le film fasse 1h20 ! Et voilà un génie qui tombe dans l’oubli, un des plus grands réalisateurs qu’ait côtoyé Michel Bouquet, qui signe la préface de ce livre très attachant. Le scénar est trépidant, bien monté (sans coupures) et l’histoire est menée comme un thriller, où ce jeune français investigue dans les méandres des majors américaines. L’histoire de Luntz est touchante, et l’enthousiasme de Julien Frey (qui scénarise les dessins animés Geronimo Stilton entre autres) est communicatif. Le trait du dessinateur espagnol Nadar est simple et clair, son noir et blanc diablement efficace rappelle un peu l’américain Scott Mac Cloud. Malgré ses 180 pages, ce roman graphique se lit d’un trait, passionnant et agréable visuellement. Et on a tellement envie de voir Le Grabuge après ça…