L'histoire :
Los Angeles, 1936. Maximus Ohanzee Wildhorse, un jeune homme d'à peine 15 ans, fait la rencontre du grand Cary Grant qui décide de le prendre sous son aile et lui faire découvrir le monde du cinéma. Rebaptisé Maximum Wyld par les grands pontes d'Hollywood, il devient, au cours des années 1940, celui qu'on appelle « l'acteur aux mille visages ». En effet, ce jeune métis d'ascendance Noire, chinoise et amérindienne se cantonne à interpréter essentiellement des rôles ethniques dans nombre de grands classiques du cinéma : un chef indien, un danseur noir, un dandy oriental et bien d'autres personnages exotiques. Malgré un difficile climat ségrégationniste, le comédien Maximus Wyld a ainsi ouvert la voie aux stars de couleur du lendemain. Maximus Wyld était donc un pionnier malgré lui. Pourtant, aucun générique des films à succès d'alors n'ont jamais mentionné son nom. Quel est donc l'évènement crucial qui l'a poussé dans les limbes de l'oubli, alors même qu'il a permis aux générations futures de s'affirmer devant les caméras ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le monde du cinéma est parfois impitoyable et souvent une machine à broyer pour de nombreux aspirants acteurs. Au cours des années 1930, alors que les productions Hollywoodiennes s'enchaînent depuis l’avènement du cinéma parlant (quelques années plus tôt), nombreux sont les comédiens qui tentent leur chance. Parmi eux, le jeune Maximum Wyld, totalement imaginé par Loo Hui Phang, s'impose à ses pairs (Frank Capra, John Huston, Alfred Hitchcock...) comme un acteur ethnique capable de jouer une multitude de rôles... mais exclusivement exotiques. Pourtant, le jeune homme ne se décourage pas. Il est bien décidé à s'imposer devant la caméra grâce à son travail, son charisme et ses nombreux sacrifices pour atteindre son but (des opérations chirurgicales pour coller à l'image de l'american dream). Or, malgré toute la reconnaissance des gens du métier (les acteurs, les réalisateurs, les producteurs et même toutes ses conquêtes), Maximum Wyld reste engoncé dans des rôles souvent mineurs et souvent stéréotypés, afin de ne pas faire d'ombre aux têtes d'affiches blanches. Tiraillé entre son ambition, ses origines et sa volonté de faire bouger les choses, le comédien tombé dans l'oubli a cependant réussi le tour de force d'incarner à lui seul, tous les visages de l'Amérique. Du côté des dessins, le travail en noir et blanc de Hugues Micol est méticuleux afin de retranscrire parfaitement l'ambiance d'Hollywood de l'époque (aussi bien dans les décors que les costumes) et on sent que l'accent a été mis pour donner le plus de fluidité possible à l'ensemble. En définitive, Black-Out permet au lecteur de prendre la mesure de l'envers de décor du cinéma Hollywoodien au travers de la carrière d’un acteur déprécié. Cette œuvre de Loo Hui Phang et Hugues Micol (re)donne ses lettres de noblesse à un acteur fictif qui incarne à lui seul le martyr d’une génération d’acteurs de couleur pendant la ségrégation.