L'histoire :
Dans un palace du pur style Rococo, avec des boys qui s’occupent de son linge, dans la quiétude lourde d’un début d’après-midi, Simone raconte ses premiers pas dans un décor irréel, qui lui semble inchangé depuis que des écrivains anglais y auraient pris leur cup of tea, il y a longtemps… Pour ce qui est des hôtels, les palaces de rêve succèdent aux hôtels de passe miteux. Quand à cinq heures du matin ils débarquent devant un hôtel dans une nouvelle ville, le démarcheur leur enjoint de ne pas s’y arrêter ! Malgré le sourire du patron, on peut se faire avoir bien vite… Les transports tiennent de l’image d’Epinal. Gare bondée où des centaines de personnes dorment par terre, des vaches. Un voyage en bus surabondé est comparé à neuf heures de hammam… S’ensuit une petite histoire drôle, la course folle de Ricky the Rickshaw et du bonhomme en retard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un monument réédité. Ce Bonjour les Indes est le Guide Michelin de l’amateur de petits Mickeys, et pas seulement pour les croulants qui ont été biberonnés à Pilote ou à Métal Hurlant. Non, c’est un vrai petit bonheur. D’abord, parce que les textes écrits par Dodo sont tous ciselés avec maîtrise et délicatesse, qu’ils soient drôles ou pathétiques, puissants ou bien légers. Ses petits camarades livrent aussi quelques petites histoires, un peu plus légères, mais très agréables. Les dessins de Ben Radis et Jano sont magnifiques, que ce soit leurs paysages ou leurs portraits, forcément caricaturaux. Le format à l’italienne donne un côté chic, bel objet. La première de couv’ a été changée, moins riche, moins rouge, plus smart (doré, quand même, faut pas déconner, on est au pays du kitsch à mort). Et puis, il faut dire ce qui est. Ça pue le Rock’n’Roll à toutes les pages. Dans le verbe et dans les traits, dans les postures et les délires, c’est la photo parfaite d’une époque. Une époque d’ouverture et de liberté qui parait aujourd’hui bien loin. Raison de plus pour s’enfoncer dans un bon fauteuil et siroter un petit lassi, avec Ravi Shankar en fond et Bonjour les Indes dans les mains.